En Nouvelle-Zélande, le “bien-être” déterminera le budget de l’État

Annoncé comme une première mondiale, le “budget bien-être” de la Nouvelle-Zélande a été dévoilé jeudi 30 mai par la coalition travailliste au pouvoir.

Le Ministre des finances, Grant Robertson, a débloqué plusieurs milliards de dollars néo-zélandais pour ce budget, vivement attendu depuis l’élection des travaillistes en 2017.

Au programme : amélioration des services de santé, prévention des violences domestiques, allocations aux populations indigènes, réduction de la précarité chez les enfants…

Un budget considérable

1,9 milliards de dollars néo-zélandais (1,1 milliards d’euros) seront dédiés à la santé mentale, “l’élément central de notre bien-être à tous”, selon le ministre des Finances. L’objectif : aider les 325 000 personnes ayant des problèmes “légers à modérés” en la matière, comme de l’anxiété ou des troubles dépressifs, et des problèmes d’addiction d’ici 2023-2024.

320 millions de dollars  (187 millions d’euros) seront quant à eux consacrés à la lutte contre les violences familiales et sexuelles. Un investissement de taille pour un pays où les violences domestiques persistent, comme l’a rapporté l’OCDE.

La réduction de la pauvreté des enfants – dont la première ministre Jacinda Ardern est responsable – sera elle dotée d’1,1 milliard de dollars (643 millions d’euros).

Le modèle zéo-nélandais

L’annonce de ce budget a rapidement fait le tour de la planète. Et pour cause, c’est la première fois qu’un gouvernement mesure ses dépenses et son progrès économique en fonction du bien-être de ses habitants. En 2009, le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz préconisait déjà de donner la priorité au bien-être, plutôt qu’à la croissance.

Chaque nouvelle demande budgétaire des ministres néo-zélandais devra ainsi, pour être validée, faire progresser une des cinq priorités suivantes : la santé mentale, la précarité des enfants, les inégalités des indigènes Maoris et des peuples des îles Pacifiques, la transition numérique et la transition vers une économie durable à faibles émissions de carbone.

La première ministre Jacinda Ardern s’était déjà vue saluée pour sa réaction exemplaire et sa compassion suite aux tueries des mosquées de Christchurch en mars dernier, notamment en revêtant un voile en soutien aux victimes. Avec son nouveau “budget bien-être”, la Nouvelle Zélande se fait à nouveau remarquer.

Vrai budget ou fausses promesses ?

Mais l’opposition tient à mettre en garde contre les promesses séduisantes du gouvernement. Simon Bridge, à la tête du parti de l’opposition, a déclaré : “Ce budget a plus de style que de substance. Il a peut-être une couverture brillante avec de belles photos, mais il est creux à l’intérieur.”  Sur le papier, ce budget semble en effet ambitieux, mais difficile à mettre en pratique.

Par ailleurs, un détail fait tâche : la mannequin Vicky Freeman, qui pose en couverture de la brochure du budget, a quitté la Nouvelle-Zélande pour l’Australie, car le coût de la vie y était devenu trop élevé, comme l’a souligné Le Temps.

Si le pays est en pleine croissance économique, la qualité de vie ne suit pas forcément, comme l’a souligné le ministre des Finances devant le Parlement : “de nombreux Néo-Zélandais ne bénéficient pas au quotidien de notre économie florissante et notre budget doit résoudre l’écart qui se creuse entre riches et pauvres”. Reste à voir si ce premier “budget bien-être” changera la donne.

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