Pas de fatalité à la chaleur fatale. Le jeu de mots est tentant. C’est pourtant une idée qui s’est transformée en un business vert florissant. “En Europe, la déperdition de chaleur, c’est l’équivalent de l’énergie produite par 100 réacteurs nucléaires chaque année. Mais aujourd’hui, cette chaleur ne sert qu’à réchauffer les petits oiseaux 365 jours par an“, souligne Jean-Emmanuel Faure. Le fondateur de la start-up Water Horizon a mis au point un procédé permettant de récupérer et de stocker l’énergie thermique perdue par les industries. Dans son unité industrielle de Cugnaux, à 17 kilomètres de Toulouse, l’ancien élève de l’ENSEEIHT développe une “batterie thermique réversible et mobile” qui récupère et transporte la chaleur perdue.
Son procédé permet de valoriser hors site, d’une usine à une autre, la ressource en chaud ou en froid que ce soit dans les data centers, les installations pétrochimiques ou agroalimentaires qui ont d’immense besoins en refroidissement. En plus de la région Occitanie, l’entrepreneur bénéficie du soutien de Bpifrance. “Je dispose d’un outil très utile qui m’a donné l’impulsion nécessaire et qui m’accompagne aujourd’hui dans mon développement, se félicite-t-il. Le retard en France du financement de l’innovation par le secteur privé est comblé par un acteur public“.
Lauréat en 2022 du prix “10.000 startups pour changer le monde”, il apprécie de pouvoir bénéficier d’une “dynamisation de l’écosystème” et d’une mise à disposition de contenus et d’informations par Bpifrance. Cette expérience, il la partagera lors de Jour E. “A l’image de Water Horizon, je suis enthousiaste du nombre de start-up s’appuyant sur des idées innovantes avec un niveau scientifique très élevé, il y a un véritable humus en France qui permet aux entrepreneurs de se développer, c’est une vraie fierté“, commente Johan Caux, expert sectoriel Energie chez Bpifrance.
Un tissu académique, d’écoles d’ingénieurs, de centres de recherche, d’industriels permet un continuum entre la recherche et l’industrialisation qui est maintenant performant. Et de citer un autre exemple de cette “french tech”, dans la région lyonnaise, Mob-Energy, qui offre des solutions de recharge intelligentes basées sur le stockage d’énergie avec des batteries de seconde vie.
Si les idées ne manquent pas dans le domaine de la transition énergétique, les maîtres mots pour réussir sont “sobriété” et “efficacité”. Il y a les innovations technologiques “matures” comme celles de l’éolien, du photovoltaïque et de la biomasse (électricité, chaleur cogénération) et il existe des “leviers d’optimisation” dans le gaz vert (hydrogène et gaz par méthane) et la géothermie. Dans ce domaine, s’il y a bien un plan stratégique national (deuxième volet lancé récemment dans le quartier Pleyel à Saint-Denis), les priorités sont de cartographier les gisements de chaleur exploitables et de former les chefs de PME et les industriels aux techniques du sous sol.
À l’instar de ce que fait Celsius Energy, forte de sa technologie héritée de l’industrie pétrolière qui limite l’empreinte au sol de la géothermie de surface. S’agissant de l’hydroélectricité, une limite en France a été atteinte mais il reste de des gisements à exploiter. Quant à l’agrivoltaïsme, système qui associe une production d’électricité photovoltaïque et une production agricole, le secteur est prometteur même s’il continue de soulever des questions. Il convient de bien identifier l’impact de l’interaction entre panneaux et cultures et animaux afin d’optimiser les performances agricoles.
Reste la question décisive des coûts. “Deux leviers existent : l’autoconsommation sur site d’une entreprise qui produit elle-même son énergie avec une centrale photovoltaïque par exemple. Et la vente directe d’électricité (ou PPA pour Power Purchase Agreement). Ce contrat est passé par un producteur d’électricité, souvent d’origine renouvelable avec une structure qui la consomme directement, sans passer par un fournisseur d’électricité intermédiaire“, précise Johan Caux.
Pour découvrir les évolutions du secteur Énergie ainsi que ses acteurs, inscrivez vous à Jour E, le 04/04 prochain à Nantes : je m’inscris.
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