Gaspillage alimentaire : une appli pour aider les cantines à réduire leurs déchets

Vous avez eu les yeux plus gros que le ventre et n’arrivez pas à finir ce hachis parmentier ? La pomme que vous aviez pris en dessert ne vous fait plus très envie ? Le pain était proposé gratuitement en accompagnement et vous en avez pris sans réfléchir ? Et voilà que les remords vous assaillent tandis que vous envisagez de jeter vos restes à la poubelle.
 

“Finis ton assiette”, “Pense aux enfants qui meurent de faim”… La plupart d’entre nous apprennent très tôt à ne pas gâcher la nourriture, et à reconnaître notre chance de vivre dans une société de sur-consommation. Aussi, quand Denis Olivier, cofondateur de Meal Canteen, découvre presque par hasard le marché aux poissons de Rungis, l’étendue du problème lui saute immédiatement aux yeux : “Je n’avais jamais vu de ma vie une telle quantité de nourriture. Quand on m’a dit que cela ne représentait que deux jours de consommation pour Paris et sa couronne, j’ai eu un choc. J’ai multiplié par le nombre de jours restants, le reste de la France, l’Europe, le monde… et je me suis demandée comment on pouvait extraire de la mer autant de nourriture.

Certes, les comportements évoluent petit à petit. Les dîners de la veille se recyclent en déjeuners-tupperwares, et quelques voix s’élèvent timidement pour demander des doggy bags au restaurant. Pourtant, malgré tous ces efforts individuels, les quantités de nourriture jetées aux ordures continuent d’atteindre des niveaux astronomiques. Rien qu’en France, les pertes et le gaspillage alimentaire représentent 10 millions de tonnes de produits par an.

Les chiffres sont particulièrement impressionnants en ce qui concerne la restauration collective (cantines scolaires, restaurants d’entreprise, hôpitaux, maisons de retraite). Un restaurant qui accueille 500 convives par jour gaspillerait en moyenne 15 à 20 tonnes de nourriture sur une année, selon une étude de l’ADEME

Les selfs proposent des quantités importantes de nourriture, mais sans savoir d’avance combien de personnes vont venir manger et quels plats vont être consommés”, explique Denis Olivier. “Les outils pour régler ce problème n’agissaient qu’en aval, sur comment retraiter le déchet. Mais c’est déjà trop tard ! Le meilleur déchet est celui qu’on ne produit pas.

“On s’achemine vers une restauration à la carte, très planifiée et personnalisée.”

Lancée à la commercialisation en janvier 2018, l’application Meal Canteen veut lutter contre le gâchis de nourriture en amont de la consommation. Les convives commandent la veille sur le self virtuel leur entrée, plat et dessert, de sorte que le lendemain les cuisiniers n’aient à sortir des frigos que ce qui sera réellement consommé. Adieu les fins de service où la moitié des plats ne sont plus disponibles, ou les files d’attente à rallonge qui incitent à se rabattre sur le snack du coin…

C’est un grand changement d’usage”, reconnaît Denis Olivier, “on s’achemine vers une restauration à la carte, très planifiée et personnalisée. Mais si ça permet de réduire les déchets, tant mieux !” Un bon point pour la planète mais aussi pour le portefeuille, puisque l’ADEME estime le coût du gaspillage alimentaire  à 68 centimes par repas.

“Au lycée Paillot, la cantine a déjà réduit de 18% le gaspillage alimentaire en seulement deux mois.”

Sur cette somme symboliquement économisée, Meal Canteen prélève 33 centimes par convive pour se rémunérer. Le reste peut être investi par les restaurants collectifs pour donner la priorité aux produits bio et/ou issus de circuits courts.

L’application est déjà partenaire de plusieurs services de restauration, comme celui de la Métropole de Lyon, de la gendarmerie de Sathonay-Camp, et même à France Télévisions sur le plateau de tournage de Plus Belle La Vie ! Les résultats ne se sont pas fait attendre.  “Au lycée Paillot de Saint Genis Laval, la cantine a déjà réduit de 18% le gaspillage alimentaire en seulement deux mois.” Les convives peuvent ainsi s’assurer de réduire simplement leurs déchets, tout en composant des repas qui leur feront plaisir : comme quoi, pour lutter contre le gaspillage, pas besoin d’en faire tout un plat.

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