Devenus quasi indispensables dans notre quotidien, les masques jetables sont une nouvelle source de pollution.
Si certains imaginent des masques biodégradables, d’autres conçoivent des modèles réutilisables, bien plus durables que les modèles en tissu jetable.
Selon leur qualité, ces derniers peuvent généralement subir entre 5 et 30 lavages. Mais un collectif d’ingénieurs, de chercheurs et de chefs d’entreprises de la région de Grenoble vient de concevoir un masque encore plus durable. Baptisé
Ocov, il serait réutilisable 100 fois !
“Tout est parti d’une demande d’internes en médecine du CHU de Grenoble”, raconte Pierre-Emmanuel Frot, ingénieur et membre du collectif, à
Sciences et Avenir .
Conçu en seulement trois semaines, ce masque doit son existence à l’impression 3D.
“À la différence d’un filtre de type FF (Face Filter) P1 ou P2 constitué uniquement d’une matière filtrante, Ocov est un masque de type FM (Face Mask) P1 ou P2 qui comprend une pièce faciale souple qui recouvre le nez, la bouche et le menton, ainsi que des filtres remplaçables et réutilisables”, explique le collectif dans un
communiqué.
Livré en kit à monter soi-même, ce masque se compose de différentes strates : une jupe souple qui épouse la forme du visage et le couvre du haut du nez jusque sous le menton, ainsi que de deux grilles renfermant un filtre. Chaque pièce peut être remplacée.
Ocov est livré avec
“cinq filtres lavables et interchangeables, chacun d’entre eux pouvant être utilisé une vingtaine de fois”, ce qui lui confère donc
“100 jours d’autonomie”.
Au-delà de sa durabilité, qu’en est-il de son efficacité ? D’après les ingénieurs, le taux de fuite d’air expiré est inférieur à 2 %, alors que la norme pour les masques FFP1 ou P2 est fixée à 8 %. Il permettrait aussi de filtrer 80 % de particules de 60 à 100 nanomètres, un taux comparable à celui d’un masque chirurgical classique.
Selon eux, le masque
“assure une bonne étanchéité entre l’atmosphère ambiante et le visage”, ainsi qu’un
“excellent confort dans la durée”. Confortable, mais pas franchement discret, il devrait néanmoins être décliné sous différents coloris, voire être rendu personnalisable pour s’adapter à tous les styles.
15 000 unités de cette première version sont en cours de fabrication par Ouvry, une PME lyonnaise.
“L’objectif de capacité de production est d’1 million de masques par semaine courant mai, soit une production dépassant 5 millions d’ici fin juin (l’équivalent de 500 millions de masques jetables actuels)”.
130 000 modèles sont déjà réservés. Pour le moment, le masque n’est vendu qu’auprès des professionnels. Les particuliers pourront s’en procurer au second semestre 2020, à un prix qui devrait être fixé à 28 euros,
“15 fois moins cher que les masques chirurgicaux”, souligne le consortium.
Reste à voir s’il sera adopté par la population,
à l’image des masques en tissus qui sont devenus pour certains un réel accessoire de mode.