Partager la publication "Indépendance énergétique : 85 % des Français prêts à des changements"
Depuis le début de la guerre en Ukraine, le 24 février 2022, les Français n’ont pas changé d’avis. Ils sont toujours aussi volontaires pour trouver des solutions alternatives à la dépendance aux énergies fossiles de la Russie. 85 % d’entre eux sont prêts à agir pour favoriser l’indépendance énergétique de la France, selon une étude réalisée conjointement par Oscaro Power, spécialiste de l’autoconsommation solaire, et l’IFOP.
En outre, 77 % des sondés affirment ainsi que leurs convictions n’ont pas évolué depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie et le dérèglement des prix de l’énergie qui en a découlé. Reste à savoir comment s’y prendre. Seuls 33 % reconnaissent savoir quelles actions mener pour agir efficacement. Qui plus est, 69 % des personnes interrogées se disent prêtes à installer des panneaux solaires chez elles. Néanmoins, 41 % des sondés ne savent pas quand ils franchiront le pas…
Pour rappel, le taux de dépendance énergétique d’un pays est la part d’énergie qu’il importe par rapport au total de celle qu’il consomme. Concernant l’Union européenne dans sa globalité, cette dépendance énergétique est de près de 60 %. Nous faisons venir de l’étranger du pétrole, du gaz et du charbon. Sur ce total, la Russie occupe une part non négligeable. Elle nous fournit 49 % des importations de charbon ; 38 % des importations de gaz naturel ; et 25 % des importations de pétrole, selon EU energy in figures et Toute l’Europe.
Concernant plus particulièrement la France, notre dépendance énergétique globale est estimée à 47,6 %. Elle est de 67,6 % pour l’Allemagne et 77,5 % pour l’Italie mais de 30,2 % pour la Suède. Dans le cas de l’Hexagone, il parvient à limiter sa dépendance notamment grâce au nucléaire. Depuis le début de la guerre, l’Allemagne a commencé à prendre des mesures pour réduire sa forte dépendance au gaz russe (qui serait passé de 66 à 40 %). Elle s’efforce notamment d’utiliser au mieux les sources d’énergies renouvelables à sa disposition. La France agit aussi dans ce sens (sa dépendance au gaz russe serait passé à 20 %).
En rétorsion au refus de Varsovie et Sofia de payer l’achat de gaz à la Russie, les livraisons de Gazprom Export sont suspendues à compter d’aujourd’hui, mercredi 27 avril 2022. Selon Eurostat, qui préfère rester vague pour des raisons stratégiques, la Bulgarie dépend du gaz russe entre 75% et 100%. Le chiffre oscille entre 50% à 75% pour la Pologne.
Face à cette annonce, l’Union européenne s’est voulue rassurante. “Il n’y aura pas de pénurie de gaz dans les foyers polonais, a affirmé sur Twitter la ministre polonaise du Climat, Anna Moskwa. Depuis le premier jour de la guerre, nous avons déclaré que nous étions prêts à une indépendance totale vis-à-vis des matières premières russes.” Mais comment ?
D’une part, les deux pays ont prévu cette possibilité et avaient mis en place des solutions d’urgence. Ainsi, la Pologne indique que ses entrepôts de stockage sont plein à 76 %. Selon le gouvernement, ce stock est suffisant pour patienter jusqu’à la mise en service d’un nouveau gazoduc. Prévu en octobre 2022, ce dernier reliera la Pologne à la Norvège et devrait permettre de fournir 10 milliards de mètres cubes par an. Plus problématique, la Bulgarie est en passe de trouver “des arrangements alternatifs pour la fourniture de gaz naturel”, indiquent les autorités.
L’arrivée des beaux jours, qui va permettre de réduire par deux la consommation de gaz en Bulgarie, devrait aider. En outre, le pays finalise la création d’une connexion gazière avec la Grèce. Celle-ci devrait être effective cet été, et permettre un approvisionnement de 3 milliards de mètres cubes annuels de gaz.
Pour réduire encore sa dépendance énergétique à la Russie, l’Union européenne discute notamment avec trois pays fournisseurs en gaz. Il s’agit de la Norvège (qui couvre aujourd’hui 20 % des besoins européens), de l’Algérie (12 %) et du Qatar (5 %). Elle réfléchit aussi à s’approvisionner en gaz naturel liquéfié (GNL) auprès de trois pays en particulier : les États-Unis, l’Australie et le Qatar.
Mais cela nécessite de posséder des terminaux méthaniers afin de regazéifier le GNL une fois arrivé sur le territoire européen. En la matière, c’est la France qui est la mieux placée. Elle possède quatre sites actifs : un à Montoir-de-Bretagne près de Nantes ; deux à Fos non loin de Marseille ; et un à Dunkerque dans le Nord. L’Allemagne, elle, n’en possède aucun. Et ses projets de construction ne devraient pas être opérationnels avant 2024. Le recours aux énergies renouvelables (éolien, solaire, géothermie…) est une autre alternative mais, pour l’hiver prochain, certains pays comme l’Italie ont d’ores et déjà prévenu qu’ils envisageaient de remettre en service des usines de charbon… Un coup dur de plus aux objectifs de réduction des émissions carbone face au réchauffement climatique alors que le temps est compté.
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