Partager la publication "L’île Seguin, future forêt d’arbres ou de gratte-ciel ?"
C’est un paisible lambeau de terre posé au milieu de la Seine, à la frontière entre Sèvres et Boulogne-Billancourt, dont l’histoire n’a pourtant rien d’un long fleuve tranquille. Ancien site d’accueil des usines Renault, qui creusèrent son sous-sol pour aménager des pistes d’essai, vendue 43 millions d’euros à la SAEM Val de Seine Aménagement en 2005, envisagée un temps pour accueillir la fondation Pinault d’art contemporain… l’île Seguin n’en finit plus de susciter convoitises et inquiétudes.
Dernier rebondissement en date, la présentation à la presse le 15 octobre dernier du projet de création du premier Centre mondial de revitalisation de la Planète par un collectif de riverains en colère, en réaction au projet “monstrueux” porté par la mairie de Boulogne-Billancourt. “L’île risque de couler, noyée sous le béton et la spéculation”, s’alarme Michel Becq, un des porte-parole du collectif.
“On parle toujours de ‘boucher les dents creuses’, de construire la ville sur la ville, mais quand on voit les grosses chaleurs qu’on a eu cet été, on ressent au contraire le besoin de créer des îlots de fraîcheur.”
Make the planet great again
Financé par des mécènes et des promoteurs de la finance verte, le Centre de revitalisation serait conçu pour accueillir à sa surface un immense espace vert et en sous-sol des ateliers de réflexion accessibles aux chercheurs, aux décideurs mais aussi au grand public.
Un projet que la mairie n’a pas souhaité commenter, étant toujours en procédure de conciliation avec les associations et les riverains de l’Ile Seguin, dont les membres du collectif.
Plus de 21 000 personnes ont déjà signé la pétition en ligne, appelant à préserver un “îlot de verdure”, un “poumon vert” dans un grand Paris pollué (13 jours de pollution “élevée” en 2018 pour l’agglomération parisienne selon Citeair). “Parce qu’il est inacceptable pour le bien-être des habitants de vouloir réaliser sur cette île des tours de bureaux qui n’apporteraient que des nuisances et pollutions, écrit ainsi un signataire, j’espère de la part des élus un peu de bon sens pour préserver un peu de nature.”
Des allers-retours juridiques
L’idée d’une île verte, ou du moins plus naturelle, semblait pourtant séduire les élus locaux de Boulogne-Billancourt. Quand Christophe Baguet présente son programme aux élections municipales de 2008, il envisage un projet “vert et ouvert” de seulement 110 000 m2, avec une salle de concert, un bâtiment événementiel, mais aussi des guinguettes sur l’eau, un parcours de santé, et un grand jardin de sculptures en plein air.
Trois ans plus tard, en 2011, le PLU de Boulogne Billancourt est révisé à la hausse : les guinguettes et le jardin de sculptures sont remplacées par un projet de 310 000 m2 comprenant des bureaux et cinq tours pouvant atteindre une hauteur de 120 mètres. Le jardin artistique fait place à un petit centre d’affaires.
Qui du béton ou la nature prendra le dessus ?
Cette révision sera finalement annulée en 2013 par le tribunal administratif de Cergy-Pontoise, qui invoque entre autre l’absence d’étude préalable de sécurité publique, l’absence d’évaluation environnementale, et une information insuffisante du public.
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