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La guérilla des greffeurs veut rendre les villes comestibles

Une ville nourricière, dans laquelle les citadins pourraient cueillir librement des fruits offerts sur les branches des arbres. C’est l’utopie que tentent de réaliser les “Guérillas Greffeurs”, des collectifs secrets qui greffent des branches d’arbres fruitiers sur les arbres des villes. 

Sur le même modèle que le biodalisme, les membres de cette Guérilla veulent ramener la nature en milieu urbain tout en la transformant en source de nourriture pour les habitants.

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Transformer la nature décorative pour la rendre nourricière

Le mouvement est né en 2012 à San Francisco, aux États-Unis, où il est illégal de greffer les arbres des rues, la ville californienne interdisant complètement les arbres fruitiers sur ses trottoirs, afin d’éviter qu’ils attirent des animaux ou créent de la saleté. Globalement, la majorité des arbres et plantes urbaines sont des variétés décoratives et stériles. Les arbres fruitiers restent rares dans les villes du monde entier. C’est pourquoi les greffeurs agissent plutôt de nuit.

À l’origine, tout a commencé avec une quadragénaire, Tara Hui, qui plaidait simplement pour avoir des arbres fruitiers dans son quartier. C’est après avoir échoué dans son projet de légaliser les arbres fruitiers en ville qu’elle décide de greffer les arbres de sa rue. Depuis, des citoyens ont suivi son exemple et rejoint ce qui aujourd’hui est devenu un mouvement mondial. 

“J’ai essayé de plaider pour la plantation d’arbres productifs, rendant mon quartier utile, afin que les gens puissent avoir des fruits en libre accès”, a-t-elle déclaré au Los Angeles Times.

Ce projet se veut solidaire, pour apporter une source de nourriture saine et gratuite aux habitants du quartier, mais aussi aux personnes sans abris – qui sont plus de 7 500 à San Francisco.

“Ce que nous voulons montrer, c’est que la rareté est une condition du capitalisme”, écrivent les membres du collectif sur leur site. “Notre objectif est de transformer les rues des villes en forêts vivrières et de démêler la civilisation capitaliste une branche à la fois”.

C’est une version jardinière du graffiti“, soulignait Claire Napawan, architecture paysagiste à l’UC Davis et sympathisant des greffeurs, sur le site du Los Angeles Times“Même si la question de la capacité à produire suffisamment de nourriture reste entière…Cela reste une bonne idée pour sensibiliser les populations.”

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Un mouvement qui se mondialise

Les guerrieros ne greffent pas n’importe quels arbres. Ils s’assurent au préalable qu’un habitant du quartier ou qu’un sympathisant du mouvement se porte garant de l’arbre en question, afin de l’entretenir, de s’assurer qu’il ne deviennent pas un danger pour les riverains et que ses fruits soient récoltés.

Grâce à un code couleur réalisé grâce au ruban adhésif ou au mastique à greffer, les membres du collectif savent à quel moment la branche a été implantée et même par qui. De cette manière, ils peuvent s’organiser pour vérifier que tout se passe bien et que la greffe prend.

Pour ce faire, le collectif a édité un manuel expliquant la marche à suivre pour réaliser un greffon. Pour répondre “à la demande”, celui-ci a été traduit en français et mis à disposition gratuitement début juin sur la page Facebook du mouvement, qui compte plus de 12 000 followers. 

L’administrateur de la page Facebook du collectif invite les Français souhaitant devenir guerrieros à se mettre en contact via les commentaires en dessous du post ci-dessus. 

 “Nous ne tenons pas un inventaire précis des greffes, mais il y a des guérilleros de la greffe dans le monde entier. Nous recevons très souvent des mails de gens inspirés par notre projet”, explique la fondatrice Tara Hui au magazine de La Ruche qui dit Oui.  

Des publications de la page Facebook du mouvement montrent par exemple des photos d’expériences de greffe en Slovénie ou au Canada. Le manuel a également été traduit en espagnol.

Enfin, si l’idée de vous balader en ville en cueillant gratuitement pomme, poire, noisettes, figues ou autres fruits, il existe la “carte comestible” du collectif Falling Fruit (littéralement “le fruit qui tombe”) qui répertorie les fruits et les plantes comestibles que l’on peut glaner dans les villes de France et dans plus de 70 pays du monde. À Paris, la centaine d’arbres fruitiers sont localisables grâce à une carte OpenData fournie par la ville. L’occasion de découvrir l’existence de l’unique abricotier de la capitale, planté au-dessus de Montmartre, mais aussi de cueillir des cerises à proximité de l’Hôtel de ville ou encore de manger une pêche au bord du canal Saint-Martin. 

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