Partager la publication "Les 101 mots pour repenser la RSE : un abécédaire pour transformer l’entreprise"
“À l’heure actuelle, nous sommes comme une personne souffrant d’un cancer métastasé. Le malade commence à ressentir le problème durement mais on n’a pas de traitement. Pour guérir, il faudrait un miracle.” De prime abord, Fabrice Bonnifet, président du Collège des Directeurs du Développement Durable (C3D), est pour le moins pessimiste. Mais, face au réchauffement climatique, pas question de baisser les bras pour autant.
“Comment fait-on advenir un miracle ? Grâce aux nouveaux récits notamment. À l’origine, la RSE [Responsabilité Sociale des Entreprises] a surtout été inventée pour ne rien changer. On a créé le terme de ‘croissance verte’ et d’autres expressions dénuées de sens pour faire en sorte que les entreprises continuent comme avant. Il faut que cela change vraiment. 1 % des gens – nous, l’occident – sommes responsables de 50 % des émissions de gaz à effet de serre sur la planète. Cela doit cesser, il faut respecter les limites planétaires.”
Pour changer les discours et les actions, Fabrice Bonnifet a eu l’idée de cet abécédaire inédit, Les 101 mots de la responsabilité sociale des entreprises à l’usage de tous. Ce livre rassemble les textes de 101 experts engagés, “101 personnes qui ont fait leurs preuves sur la connaissance de leur sujet”. Parmi eux, Jean-Marc Jancovici, Marine Calmet, Philippe Bihouix, Charlène Descollonges, Timothée Parrique ou encore Virginie Raisson-Victor. L’ouvrage vise à démystifier la véritable RSE, celle qui cherche à transformer la société plutôt que de perpétuer des modèles économiques incompatibles avec les limites planétaires.
Sans chiffres ni graphiques, ce dictionnaire décalé redonne du sens à des concepts souvent galvaudés en entreprise. Il propose des pistes culturelles audacieuses pour faire émerger de nouveaux imaginaires, clés essentielles pour des transitions écologiques perceptibles. “Nous vivons à l’ère de l’Homo Detritus, affirme Fabrice Bonnifet. Il faut avoir en tête que seulement 7,2 % des déchets sur la planète sont recyclés. Et 800 millions de personnes obèrent l’avenir des 7,2 milliards d’autres.”
Fabrice Bonnifet souligne l’urgence : “Arrêtons de faire semblant d’agir. La recherche de solutions moins impactantes ne suffira pas à atteindre les objectifs que la science nous impose.” Il appelle à placer le capital naturel et humain au cœur des stratégies d’entreprise et à faire en sorte que la durabilité prenne le pas sur la profitabilité. “Il faut shifter les modèles d’affaires et faire en sorte que l’activité des entreprises ait une visée régénérative. Pour cela, Jean-Marc Jancovici a raison : il faut une régulation forte si on veut y arriver.”
Pour le président du C3D, les firmes perdent aussi beaucoup trop de temps, et d’argent, à mesurer ce qui doit être fait. “On sait que le gros problème, c’est le Scope 3. On a les ordres de grandeur des problèmes. Et même si on se trompe de 30 ou 40 % dans les mesures, ce n’est pas grave. On sait qu’on doit agir. C’est comme si une personne obèse attendait de connaître son poids précis avant de mieux manger ou faire davantage d’exercices. L’important n’est pas de savoir si elle pèse 130, 140 ou 150 kilos. L’important est qu’elle change son mode de vie au plus vite.”
Les 101 mots de la responsabilité sociale des entreprises à l’usage de tous, Collectif sous la direction de Fabrice Bonnifet, président du Collège des Directeurs du Développement Durable, Éditions Archibooks, 208 pages, 12,90€.
Une partie des bénéfices du livre Les 101 mots de la responsabilité sociale des entreprises à l’usage de tous sera reversée à l’association Banlieue Climat, qui sensibilise les habitants des quartiers populaires aux enjeux environnementaux. Une initiative qui reflète la volonté du C3D d’élargir la communauté de la RSE.
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