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Les 5 conseils de Julien Vidal pour redonner du pouvoir à votre argent

Pour réduire votre empreinte carbone, vous surveillez votre alimentation, vos voyages, vos dépenses énergétiques… mais avez-vous pensé à votre argent ? Ce que vous déposez sur votre compte en banque peut avoir une vraie incidence sur le réchauffement climatique et la destruction des écosystèmes. Car ces fonds sont souvent utilisés pour financer des industries climaticides, comme les énergies fossiles ou la déforestation.

À titre d’exemple, les financements et investissements de quatre grandes banques françaises – BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale et Caisse d’Épargne – génèrent une empreinte carbone équivalente à 4,5 fois celle de la France, selon les conclusions d’un rapport publié en novembre 2019 par Les Amis de la Terre et Oxfam France.

Toujours selon ce rapport, un euro déposé à la Société Générale “pèse” 390 grammes de Co2, 383 grammes à la BNP et 315 grammes au Crédit Agricole.

À lire aussi : Viande, avion, téléphone, banque : j’ai calculé mon empreinte carbone

Les banques mondiales ont également accordé, depuis la signature des Accords de Paris, 154 milliards de dollars de crédit à des sociétés dont l’activité profite directement de la déforestation, révélait en septembre le site Forests & Finance, qui recense les enquêtes menées par une coalition d’organisations de campagne et de recherche. La française BNP Paribas arrive en 6e position du top des plus gros créanciers.

Alors comment reprendre le contrôle ? Le blogueur écolo Julien Vidal, auteur de Redonner du pouvoir à son argent (éd. Actes Sud), nous livre ses conseils pour transformer ses économies en outil de la transition verte.

1 – Changer de banque

Cette action toute simple est aussi la plus évidente quand on décide de changer son empreinte carbone bancaire. Anciennement à la Caisse d’Épargne, Julien Vidal “hallucine” de l’impact des banques les plus polluantes : “à partir de 10 000 euros, l’empreinte carbone de mon argent dépassait mon bilan carbone quotidien.”

Il passe donc au Crédit Coopératif et la Nef – deux banques plébiscitées par Les Amis de la Terre pour leurs impacts climatiques et sociaux “minimes”. Depuis quelques années, de nombreuses néo-banques affichant des valeurs écologiques se sont lancées, à l’image de Green-Got ou Onlyone.

La loi Macron de 2017 facilite le changement d’une banque à l’autre, qui est désormais automatisé pour les comptes courants de particuliers. Le transfert reste en revanche plus compliqué – et souvent payant – pour les autres produits financiers, comme le Livret A et le Plan Épargne Logement (PEL), voire impossible pour le contrat d’assurance-vie.

Opter pour une banque éthique, souvent moins connue qu’une banque classique, peut faire peur à première vue. Mais, insiste le militant, “le fameux ‘too big to fail‘ n’est plus si vrai que ça”

“À choisir, pour anticiper une crise financière, je considère que mon argent est plus à l’abri dans des banques éthiques, qui financent des entreprises saines et rattachées à l’économie réelle, plutôt qu’à des banques qui spéculent sur des actifs toxiques.”

2 – Faire pression sur votre conseiller

Vous ne pouvez, ou voulez pas, changer de banque ? Abordez le sujet avec votre conseiller, faites remonter les incohérences au siège.

“Quand je suis parti de la Caisse d’Épargne, je leur ai envoyé une lettre pour leur expliquer ma démarche [restée sans réponse, ndlr], explique Julien Vidal. Une banque qui reçoit des milliers de courriers, cela peut avoir plus d’impact qu’on ne le pense.”

3 – Épargner solidaire

“Quand on parle d’épargne, on imagine tout de suite des montants colossaux, alors que cela peut juste être placer 50 euros.” La Nef offre aux particuliers des solutions d’épargne et de crédit orientées vers des projets ayant une utilité sociale, culturelle et/ou écologique.

Le label Finansol distingue les produits d’épargne les plus intéressants sur le plan social et environnemental (dont la liste est disponible ici). Le ministère des Finances a également créé en 2016 son propreISR qui récompense les placements responsables et durables.

Il existe d’autres moyens pour soutenir des projets éthiques sans passer par une banque, comme par exemple le crowdfunding. Le financement participatif inverse la logique marchande en redonnant au consommateur le pouvoir d’enclencher le processus de fabrication d’un produit. Ce modèle bénéficie d’une popularité croissante : le marché international du crowdfunding double chaque année depuis dix ans. Il devrait peser, en 2020, 100 milliards de dollars dans le monde.

4 – Rejoindre une monnaie locale

La France compte une centaine de monnaies locales complémentaires en circulation ou en cours de création : la pêche en Île-de-France, la gonette à Lyon, l’eusko au Pays Basque… Ces monnaies ne peuvent s’utiliser que sur un territoire restreint (ville, région) et dans un réseau de commerces participants. Elles ne peuvent pas être déposées sur un compte en banque.

Rejoindre un de ces réseaux peut s’avérer “frustrant” dans un premier temps, reconnaît Julien Vidal. Impossible de pousser la porte du premier supermarché venu au moment de faire ses courses. Mais cela participe, à terme, à dynamiser l’économie locale et à rendre le territoire “plus résilient”.

5 – Consommer mieux

Redonner du pouvoir à son argent passe aussi par repenser sa consommation et son rapport à l’argent. C’est le fameux modèle du “consom’acteur” qui utilise son pouvoir d’achat pour rétribuer des productions à la fois respectueuses de l’humain et de l’environnement.

“La société nous a limité à notre seul pouvoir d’achat. Mais dans ce système où tout dépend de l’argent, il ne tient qu’à nous de refermer ce robinet pour en ouvrir un autre plus vertueux, insiste Julien Vidal. Il est temps de reconsidérer l’argent comme un moyen, et non plus comme la finalité de nos vies.”

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