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L’Europe en surchauffe : 50 000 morts causés par la chaleur et la pollution carbone en 2023

Les fortes chaleurs, exacerbées par la pollution carbone, ont fait près de 50 000 victimes en Europe en 2023, révélant l’urgence d’adapter nos sociétés face au réchauffement climatique galopant.

Le 12/08/2024 par Florence Santrot
canicule personne âgée
Les fortes chaleurs, les canicules et la pollution carbone ont un impact particulièrement lourd sur les personnes âgées. Crédit : Daniel Lozano Gonzalez / iStock.
Les fortes chaleurs, les canicules et la pollution carbone ont un impact particulièrement lourd sur les personnes âgées. Crédit : Daniel Lozano Gonzalez / iStock.

En 2023, la canicule, amplifiée par la pollution carbone, a tué près de 50 000 personnes en Europe. Ce chiffre alarmant est le fruit d’une étude publiée récemment dans Nature Medicine, mettant en lumière la vulnérabilité croissante du continent face au réchauffement climatique. Les vagues de chaleur, devenues plus intenses, fréquentes et prolongées, sont la conséquence directe de décennies de consommation effrénée de combustibles fossiles. Ce phénomène transforme l’atmosphère en une serre géante, piégeant la chaleur et augmentant la température globale. Nous sommes en surchauffe.

L’Europe se réchauffe à une vitesse deux fois supérieure à celle de la moyenne mondiale. Les conséquences sont déjà visibles, avec des incendies ravageant les forêts aux abords d’Athènes, des alertes de chaleur extrême émises pour la France, et le Royaume-Uni enregistrant ce qui pourrait être sa journée la plus chaude de l’année.

Un bilan qui aurait pu être 80 % plus élevé

Elisa Gallo, épidémiologiste environnementale à l’ISGlobal et principale auteure de l’étude, précise que “Les 57,5 % de la mortalité due à la chaleur en 2023 sont imputables à deux épisodes survenus à la mi-juillet, entre le 10 et le 23, et à la fin du mois d’août, entre le 14 et le 27.” Selon l’étude, sans les adaptations mises en place au cours des deux dernières décennies, le bilan humain aurait pu être 80 % plus élevé.

Cependant, ces efforts d’adaptation réussis restent insuffisants. “Le nombre de décès liés à la chaleur reste beaucoup trop élevé”, explique Elisa Gallo. Les pays plus frais comme le Royaume-Uni, la Norvège ou la Suisse sont particulièrement menacés par une augmentation des journées insupportablement chaudes. Mais ce sont les pays du sud de l’Europe, comme la Grèce, l’Italie et l’Espagne – et dans une moindre mesure la France –, qui continuent de payer le plus lourd tribut avec des taux de mortalité parmi les plus élevés.

Des mesures qui ne sont plus suffisantes face au dérèglement climatique

Les incendies qui dévastent actuellement les alentours d’Athènes illustrent tragiquement cette nouvelle réalité. Des vagues de chaleur répétées ont asséché les forêts, transformant les arbres en combustible parfait pour des feux incontrôlables. Les leçons de la canicule de 2003, qui avait tué 70 000 personnes en Europe, avaient pourtant conduit à l’instauration de systèmes d’alerte précoce et de plans de prévention. Cependant, la vague de chaleur de 2022, avec plus de 60 000 morts, montre que ces mesures ne suffisent plus.

Pour les experts, il est impératif de repenser nos villes, de les rendre plus fraîches avec davantage d’espaces verts et moins de béton, de renforcer nos systèmes de santé, et de mieux surveiller les groupes les plus vulnérables. Mais les actions individuelles ont aussi un rôle crucial : rester à l’intérieur aux heures les plus chaudes, boire de l’eau régulièrement, et veiller sur nos aînés peuvent sauver des vies.

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