Partager la publication "Navigation maritime du futur : toutes voiles dehors"
Au seuil du 21e siècle, la mer émerge comme un axe clé d’innovation et de croissance économique. Les océans, symboles de progrès technique, sont au cœur de nombreuses initiatives : explorations maritimes et abyssales, compétitions pour le contrôle des espaces marins, exploitation des ressources et énergies marines, transport maritime de biens, et projections technologiques dans la culture populaire.
La mer comme espace et domaine de l’inventivité, de l’expérimentation et de l’adaptation technique et scientifique, est surtout un lien pour le monde. Les vastes étendues bleues ont toujours été les grandes artères de la civilisation, des routes reliant les nations, façonnant l’histoire et stimulant le progrès. Aujourd’hui, ce rôle est plus concret que jamais : avec plus de 98 % des données mondiales transitant par les réseaux de câbles sous-marins et près de 92 % du commerce international se déroulant sur l’eau. La mer reste un pilier de notre connectivité globale.
Il suffit de prendre l’exemple de la voile. Si élémentaire dans sa conception initiale, elle est aujourd’hui le symbole d’une révolution en marche. Les voiliers de l’Antiquité qui bordaient les côtes de la Méditerranée et du golfe Persique paraissent désormais bien éloignés des innovations que l’on observe dans notre siècle. La voile se réinvente, se transforme pour répondre à l’impératif contemporain d’une énergie propre et renouvelable.
Grâce à la technologie, la propulsion vélique devient même une réalité pour les énormes cargos commerciaux. Après avoir été oubliée pendant près de 200 ans dans le transport maritime mondial, elle fait son grand retour. Qu’on parle de voiles rigides ou gonflables, fixes ou rétractables, voire dotées d’éolienne, ces appendices XXL, parfois jusqu’à 1.200 m² de surface, permettent de réduire considérablement les émissions de CO2, de l’ordre de 20 à 40 % par rapport à un voyage classique.
Pas étonnant que le géant français CMA CGM travaille avec la start-up marseillaise Syroco. Que les Chantiers de l’Atlantique soutiennent des fabricants de mâts en carbone de grande dimension. Ou encore que Zéphyr et Borée va acheminer des tronçons du nouveau lanceur spatial Ariane vers la Guyane grâce à son navire roulier, Le Canopée, équipé de quatre ailes articulées. Et quand Airbus, mastodonte de l’aéronautique, investit dans Airseas et son kite géant, on mesure l’ampleur de la vision.
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Les innovations ne s’arrêtent pas là. La transformation s’opère aussi dans la forme des coques, dans l’intégration de l’intelligence artificielle et des capteurs connectés, dans l’adoption de combustibles plus verts et dans le recours à la blockchain. Les ports eux-mêmes deviennent des concentrés de hautes technologies, où les jumeaux numériques et les infrastructures photovoltaïques entrent en scène. Ainsi, la flotte d’Orange Marine, basée notamment à La Seyne-sur-Mer et à Brest, évolue pour répondre aux exigences de la transition énergétique. Leur dernier navire câblier inauguré en septembre 2023 est un bateau hydrique. « Quand il est à quai, il ne consomme pas de carburant mais de l’électricité, nous explique Élizabeth Tchoungui, Directrice Exécutive en charge de la responsabilité sociétale d’entreprise du groupe Orange. Nous allons utiliser des panneaux solaires installés à proximité des ports pour alimenter le navire. »
Les profondeurs marines ne sont pas en reste. On doit à deux Français l’invention du tout premier véhicule de plongée, le Gymnote, en 1887. À l’époque, l’engin mesurait 18 mètres de long et pouvait descendre à 25 mètres de profondeur. Si aujourd’hui, le plus grand sous-marin au monde, le Belgorod (184 mètres) est russe, la France continue d’innover dans le secteur. En juin 2023, l’industriel Naval Group a marqué l’histoire avec le lancement réussi d’un drone aérien depuis un sous-marin nucléaire d’attaque en plongée. Une performance que l’on doit à la start-up toulousaine Diodon.
Forte d’une longue histoire d’innovations, le monde maritime reste un puissant levier d’innovation. Des outils et technologies innovantes qui bénéficient bien souvent à d’autres secteurs. Ainsi, le GPS n’est pas resté cantonné à la marine américaine mais se retrouve aujourd’hui dans nos voitures et smartphones. Faire de défis complexes des opportunités, c’est toute l’histoire de la navigation maritime.
Cet article a été réalisé en partenariat avec le Musée de la Marine.
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