Partager la publication "Nicolas Castoldi (@Hôtel-Dieu) : “La question de la santé en 2050, c’est la question des comportements et de la prévention”"
Comment se soignera-t-on, comment soignera-t-on en 2050 ? Pour répondre à cette question, WE DEMAIN et we are_ ont convié Nicolas Castoldi à leur événement we are_ DEMAIN. Agrégé de philosophie, Nicolas Castoldi est le directeur exécutif de l’initiative @Hôtel-Dieu auprès de l’AP-HP. Il a aussi été le coordonnateur du dépistage COVID-19 en 2020. Nous lui avons demandé de se projeter dans les décennies à venir pour imaginer à quoi pourrait ressembler la question de la santé en 2050. Et les mesures à prendre aujourd’hui pour y arriver.
Selon lui, la question est avant tout de savoir comment les individus, individuellement et collectivement, seront massivement acteurs de leur bonne santé. Plane aussi, avec le réchauffement climatique, la crainte de l’explosion du nombre de cas de maladies chroniques. Ce fardeau, déjà présent, pourrait prendre de l’ampleur dans les années à venir. D’autant que les maladies chroniques peuvent se cumuler chez une même personne et qu’elles ont un impact réel sur la qualité de vie. Pour Nicolas Castoldi, c’est en amont qu’il faut agir.
Nicolas Castoldi : En tout cas, il faut prendre au sérieux le sujet. Plus que la prévention, il importe d’aborder la question des comportements pour rester en bonne santé. La médecine va continuer à progresser et c’est une très bonne nouvelle. Mais la vraie question, c’est comment on dépasse la simple question de la sensibilisation et quels outils on met en place pour changer réellement les comportements.
Il y a trois pistes complémentaires : les objets connectés, l’accompagnement des individus et l’élargissement des domaines de soin. Le défi est d’apporter l’information dans un format adapté, simple, qui permet derrière d’agir sur les comportements. Finalement, tout cela fait qu’on parle moins du fait de soigner et qu’on parle plus du fait de “se” soigner.
Pour moi, on peut avoir des patients et des soignants qui sont éclairés. Par cela, j’entends la capacité à avoir une vision limpide de ce qu’il faut qu’on fasse. Comment on permet au patient d’avoir une explication claire et disponible à tout moment de son état de santé, des traitements qu’il doit prendre et des comportements qu’il doit adopter (et ceux qu’il doit éviter). Aujourd’hui, on manque bien souvent d’informations. On a tous fait des recherches sur Google à propos de sa santé, y compris en sortant de chez le médecin… L’IA pourrait être une réponse, donnant la capacité de converser avec le savoir médical. Une intelligence artificielle, qualifiée et entraînée avec des données fiables.
En 2050, on peut aussi avoir des patients et des soignants qui sont épaulés. Par là, j’entends des personnes qui sont aidées par des sortes d’assistants médicaux comme les capteurs et autres objets connectés. Sans oublier la robotique sociale qui devrait arriver d’ici 2050. Un robot de ce type pourrait non seulement aider les soignants en leur apportant du matériel dans chaque chambre visitée. Mais il aurait aussi une fonction sociale en apportant aux patients une relation différente, du temps pour discuter quand les soignants n’en ont pas.
La Covid a en effet profondément changé les mentalités. C’est ce que j’appelle l’extension du domaine du soin. On a tous pris conscience qu’on était tous un peu interdépendants et que nos comportements avaient un effet majeur sur le plan médical et sanitaire. Se serrer la main, se faire la bise, porter ou non un masque… nos comportements collectifs ont des conséquences. Ils ont des effets sanitaires sur les autres individus.
Se pose aussi la question de ce qu’on retient de cet épisode épidémique, du vaccin et des confinements. Notre perception collective de ce qu’il s’est passé est parfois teintée d’une espèce de mauvaise conscience ou d’une impression que, finalement, on en aurait trop fait, ou pas de la bonne manière. Je pense que c’est faux. La réaction collective à la question de la Covid peut nous rendre fiers. Les décisions gouvernementales prises avaient du sens à ce moment-là. Je pense que la réaction collective a été responsable et positive. On ne peut pas nier que cela a été une épreuve, difficile et douloureuse. Qu’il y a des séquelles. Mais, en même temps, on a collectivement fait des choix qui, à mon sens, nous font honneur. On a quand même trouvé et déployé un vaccin efficace en un an ! Je sais bien que tout ne sera pas résolu par la médecine et la technologie mais néanmoins cet épisode peut nous donner de l’espoir.
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