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Nouvelles routes maritimes : avec la fonte des glaces, les cargos en pôles position ?

Avec le réchauffement climatique, la fonte des glaces s’accélère à vitesse grand V. Facilitant le passage des bateaux jusque-là obligés de se dérouter. Au point de voir émerger de nouvelles routes maritimes ?

Le 03/05/2023 par Florence Santrot
brise glace cargo
Vue sur la mer en hiver depuis le cockpit d'un navire de transport et d'un navire brise-glace. Crédit : Charles-Edouard Cote / Shutterstock.
Vue sur la mer en hiver depuis le cockpit d'un navire de transport et d'un navire brise-glace. Crédit : Charles-Edouard Cote / Shutterstock.

Peu de changements ont été observés sur les routes maritimes depuis des décennies. Toutefois, la fonte des glaces polaires, due au réchauffement climatique, modifie radicalement ces paysages stratégiques. Dans ces zones, la hausse de la température est trois fois plus élevée que la moyenne mondiale, ce qui amplifie les effets du dérèglement climatique. Les changements sont rapides et très visibles.

Bien que la fonte progressive de la banquise au pôle Nord implique une catastrophe écologique, certains États tels que la Russie en tirent déjà profit. Cela ouvre en effet de nouvelles perspectives, des alternatives aux routes maritimes entre l’Asie, l’Europe et l’Amérique du Nord. Pour les touristes aventuriers, de nouveaux territoires à explorer leurs tendent les bras. Mais les obstacles restent encore nombreux…

Le passage du Nord-Est sous emprise russe malgré la fonte des glaces

La fonte des glaces fait donc émerger de potentielles nouvelles routes maritimes, des raccourcis en quelque sorte. Ce que l’on appelle le “passage du Nord-Est” permet par exemple de réduire de 30 % la distance entre les ports chinois du Nord et les ports de l’Europe du Nord. Mais rien ne dit que ce sera une route pérenne dans le temps. Or, si les bateaux vraquiers n’ont pas de réelle contrainte de temps, ce n’est pas le cas de certains types de porte-conteneurs. Nombre d’entre eux doivent quitter un port à une heure donnée et arriver à destination dans une fenêtre précise.

Or, cette nouvelle route demeure pleine d’imprévus. Il est difficile de prévoir quand elle ne sera pas prise dans la glace… “Les armateurs ne vont pas désorganiser tout pour passer quelques mois par an par l’Arctique, explique Hervé Baudu, professeur à l’Ecole nationale supérieure maritime et auteur de l’ouvrage Les routes maritimes arctiques paru en 2022 chez L’Harmattan. Qui plus est, les Russes ont la mainmise sur ce passage. Et naviguer dans la glace est dangereux, les mers ne sont pas très bonnes et le brouillard omniprésent. Au mieux, ce sera un itinéraire de délestage.”

Un avis partagé par le Centre d’études prospectives et d’informations internationales. Celui-ci estime que ces nouvelles routes maritimes au pôle Nord n’auront qu’une conséquence modeste sur le commerce. “Au final, nous estimons que les routes polaires n’augmenteront que très modestement le commerce mondial (entre +0,04 % et +0,32 %, suivant les estimations)”, conclut une étude réalisée par Jules Hugot et Camilo Umana Dajud, deux chercheurs du CEPII. En une année, il a transité 34 millions de tonnes de marchandises par la voie Nord-Est ; C’est le volume journalier du Canal de Suez. La fonte des glaces n’est donc pas forcément une panacée pour le commerce mondial…

Les pôles, nouvelle destination de vacances

Jusqu’alors réservée aux explorateurs et aux scientifiques, les destinations polaires s’ouvrent au tourisme. Icebergs, baleines à bosse et lumières uniques sur l’océan… les voyageurs résidant sur L’Austral, fleuron de la flotte de la compagnie du Ponant, ont l’assurance de réaliser une croisière à nulle autre pareille. Une expérience incomparable qui coûte tout de même souvent plus de 10 000 euros.

Depuis les années 90, l’Antarctique est devenue une destination mais très prisée. À l’époque, moins de 5 000 touristes par an s’y aventuraient. Trente ans plus tard, sur la saison 2019-2020, ils sont plus de 74 000 à avoir posé le pied en Antarctique. Et parmi eux, quelque 18 500 y sont venus par bateau, selon les chiffres de l’IAATO, l’Association internationale des voyagistes antarctiques.

L’inquiétude des défenseurs de l’environnement est grandissante. Chaque année, de nouveaux bateaux taillés pour la navigation dans les eaux dangereuses de ces contrées sont mis en activité. Une présence humaine croissante qui commence à avoir un impact sur le Continent blanc. Et ce, malgré le Traité sur l’Antarctique, qui impose aux scientifiques comme aux expéditions touristiques d’évacuer tout déchet apporté. Mais le carburant brûlé pour transporter les vacanciers et chercheurs et pour faire fonctionner les navires n’est pas sans conséquence. Alors, malgré la beauté de ces paysages, mieux vaut y réfléchir à deux fois avant de planifier un tel voyage…

Cet article a été réalisé en partenariat avec le Musée de la Marine.

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