Partager la publication "J’ai testé : analyser son vin avec un scanner connecté"
Ramener à boire dans un dîner, choisir la bouteille au restaurant, participer à une dégustation entre amis… les aléas de la vie sociale font que nous sommes souvent appelés à goûter et évaluer du vin, et savoir partager nos impressions en société. Mais ce qui représente un véritable plaisir voire une passion pour certains peut en intimider d’autres : pas toujours facile d’avouer publiquement que l’on n’y connaît rien…
“C’est particulièrement vrai en France, où tout le monde pense que n’importe qui pris au hasard dans la rue est un expert en vin ”, s’amuse Bastien Guillebastre, cofondateur de l’application et de l’objet connecté MyOeno, médaillée d’argent au Concours Lépine 2017. Lancé en novembre 2017, cet outil d’analyse “objectif” et accessible (prix de vente 80 euros) permet à ses utilisateurs de scanner leur verre de vin rouge et d’en dresser une fiche de dégustation claire et accessible à tous.
Il suffit de télécharger l’application, puis de relier le scanner à son téléphone par Bluetooth et de le plonger dans son verre de vin. L’Enoscan reprend le principe physique de la spectométrie. Une fois immergé, il émet différentes longueurs de lumière, puis analyse leur absorption par le liquide pour évaluer ses propriétés en concentration alcoolique, astringence, acidité et évolution (maturité du vin). L’utilisateur reçoit les résultats sur son smartphone, puis peut compléter l’évaluation en précisant les notes qu’il perçoit en bouche, attribuer une note et rajouter un commentaire.
“MyOeno s’adresse à tous ceux qui aiment le vin”, résume Bastien Guillebastre, qui revendique 10 000 utilisateurs de l’application et 3 500 propriétaires d’un scanner. Sur l’application, la navigation permet de rechercher des vins dans la base de données en filtrant par degré d’acidité, puissance, ou arôme. Et bientôt en vérifiant si la bouteille est bio ou non.
Flâner dans cette immense cave virtuelle titille rapidement la curiosité, et encourage la découverte. “L’objectif est de pouvoir dire aux gens que s’ils aiment les vins de Bordeaux par exemple, ils pourront aussi aimer des vins américains ou sud-africains. On les incite à ne pas s’enfermer dans une catégorie de vins, à prendre le temps d’explorer.”
Chez We Demain, nous avons l’esprit joueur : nous avons demandé à la sommelière Marielle Kubik (qui propose des ateliers de dégustation sur Paris ) de participer à une expérience, en la mettant en compétition contre le scanner MyOeno pour la dégustation de deux vins différents. Le sommelier virtuel tiendra-t-il la comparaison avec le nez et le palais d’une véritable experte ? Découvrez les résultats, garantis sans tricherie !
“A l’avenir les machines pourront reproduire voire dépasser le palais et le nez humain”
Notre experte ressort plutôt bluffée par cette expérience interactive. Sur les deux essais, le scanner a rendu un avis très proche du sien.
Mais là où la machine permet de mesurer précisément les niveaux de puissance, acidité et tanins, elle ne parvient pas encore à reproduire une expérience de dégustation complète. “Sentir un vin représente 50% de la dégustation”, précise Marielle, qui contrairement au scanner a longuement humé son verre avant de le goûter.
L’outil ne parvient pas non plus à déceler de lui-même les notes, les arômes subtils qui se dégagent du vin. Un défaut qui n’est pas irrattrapable, selon notre œnologue : “À l’avenir les machines pourront reproduire voire dépasser le palais et le nez humain. Mais elles ne pourront pas copier le plaisir tactile à déguster un vin, le travail de mémoire.”
Loin de considérer ces outils technologiques comme de potentiels rivaux, elle préfère les considérer comme une aide pédagogique, un moyen ludique d’amener les gens à comprendre l’art de la dégustation. “La machine apporte un côté neutre, car son avis ne dépend pas du palais, de l’appréciation forcément subjective d’une personne. Mais on continuera d’avoir besoin des experts pour transmettre, et donner envie d’apprendre.”