Partager la publication "Ouïghours : 30 marques bien connues profitent encore du système"
Le problème est dénoncé depuis des années mais certaines marques sont fortement soupçonnées de continuer à profiter en 2023 de la répression ouïghoure en Chine. Elles continueraient à faire fabriquer par des sous-traitants vêtements, chaussures et accessoires à des prix ridiculement bas. Un nouveau rapport, dévoilé le 6 décembre 2023 par le parti socialiste du Parlement européen, liste 30 marques bien connues en Europe qui ont des liens forts avec ces entreprises qui violent les droits du travail sur les lignes de production en Chine. Initialement, 39 marques étaient citées mais il y a eu des erreurs lors de l’analyse des données et le rapport a été rectifié.
Depuis 2009, l’ethnie ouïghour, principalement installée dans la région du Xinjiang, fait l’objet d’une répression par le régime chinois en place. Et encore plus depuis l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping en 2013. Accusée de ne pas s’intégrer dans le pays, les représentants de l’ethnie sont envoyés en masse dans des camps de “rééducation”, véritables camps de concentration où ils subissent des violences et sont obligés de travailler dans un but de “sinisation”. Cette forme d’esclavage moderne s’accompagne aussi de surveillance de masse dans toute la région Xinjiang ainsi que de stérilisation forcée des femmes ouïghoures. Cela a amené, le 20 janvier 2022, le Parlement français à dénoncer officiellement le génocide et les crimes contre l’humanité que subissent les Ouïghours.
Le rapport sur l’exploitation des Ouïghours présenté cette semaine est issu de recherches de la part du “Uyghur Rights Monitor”, de l’Université de Sheffield Hallam (Royaume-Uni) et du Centre ouïghour pour la démocratie et les droits de l’homme. En scrutant en détail les documents financiers de sous-traitants chinois, le rapport établit que “un ‘volume important’ de vêtements issus du recours au travail forcé ouïghour entre sur le marché de l’Union européenne”.
Par exemple, Guanghua Textile Group, et sa maison-mère Beijing Fashion Holdings, participent officiellement à divers programmes de “réduction de la pauvreté”, tel que “Xinjiang Aid”. En réalité, il a été établi que ces organismes surveillent et contrôlent le peuple ouïghour, les forçant à travailler dans leurs usines ou dans les camps de production de coton. Le Xinjiang produit en effet 23 % du coton mondial, 80 % du coton chinois.
En outre, le rapport indique qu’entre 900 000 et 1,8 million de Ouïghours et citoyens issus d’autres minorités sont détenus dans des camps d’internement et forcés à travailler. Autant de raisons pour les marques de couper les liens avec les entreprises chinoises aux méthodes opaques. D’autant plus que Bruxelles doit prochainement adopter une directive sur le devoir de vigilance des entreprises, y compris au niveau de leur chaîne d’approvisionnement.
30 marques bien connues en Europe citées dans le rapport :
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