Paris : Et si le périph’ devenait une coulée verte ?

Où va le boulevard périphérique ? Cette boucle de bitume qui voit passer chaque jour un tiers du trafic parisien, soit 1,1 million de véhicule, est l’autoroute la plus fréquentée de France. Mais ce symbole du règne automobile, dont la construction a débuté dans les années 1960 pour s’achever en 1973, est aujourd’hui critiqué : trop encombré, pas assez rentable, clivant, trop polluant… Le candidat déclaré à la mairie de Paris Gaspard Gantzer vient même d’appeler à sa simple destruction. Afin de réinventer “le périph'”, plusieurs études viennent d’être lancées.
 
Depuis le mois de septembre, quinze élus parisiens, de tous bords confondus, se réunissent en vue de moderniser la voie rapide et de trouver des solutions aux nuisances qu’elle engendre. Notamment pour les 200 000 habitants vivant à moins de 200 mètres.
 
“Outre la pollution sonore, atmosphérique et l’insécurité routière qu’il génère, le périphérique constitue une fracture entre Paris et les communes limitrophes. Cette autoroute urbaine a peu évolué depuis sa création”, a expliqué la maire de Paris, Anne Hidalgo, en lançant cette Mission d’information et d’évaluation.
 
L’objectif est de fluidifier le trafic, de réduire les externalités négatives (pollutions…), de favoriser l’intégration des territoires et de trouver un modèle économique durable pour cette route. Après avoir consulté des experts, les élus rendront leurs conclusions en mars, soumises au vote du Conseil de Paris.

Un boulevard urbain avec des bus et des vélos ?

D’ici là, tous les scenarios sont ouverts : développer des transports collectifs et une voie réservée au covoiturage, comme à Los Angeles, le rendre payant ou encore, rêve des écologistes : le transformer à plus long terme en boulevard urbain, voire en coulée verte.

Selon Jean-Louis Missika, adjoint à l’urbanisme, interrogé par Le Parisien : “Il faut déclassifier le périph pour qu’il ne soit plus une autoroute mais un boulevard urbain, avec voie de bus, limitation à 50 km, végétalisation.”

Un sujet délicat quand on connaît les débats soulevés par la reconquête des voies sur berge…

D’où l’intérêt de la consultation internationale lancée en parallèle par le Forum métropolitain du Grand Paris. Afin de réfléchir à l’avenir du périphérique, des autoroutes et des voies rapides de la métropole à l’horizon 2030 puis 2050, quatre équipes composées d’architectes, d’urbanistes, d’ingénieurs et d’économistes internationaux viennent d’être choisies.

“L’avenir du périphérique est lié à celui des autres routes de la région. Il nous semblait essentiel de mener cette réflexion au niveau francilien, en associant tous les acteurs locaux et un regard international afin de prendre un peu de distance sur ces enjeux”, souligne Marion Vergeylen, chargée de mission mobilité du Forum du Grand Paris.

Les quatre équipes présenteront leurs travaux entre avril et août 2019 lors d’une exposition itinérante, en s’inspirant sûrement de transformations de voies rapides en France et à l’étranger. Lyon par exemple a déjà déclassifié une partie de l’A6 qui traverse la ville pour en faire un boulevard urbain. Plus spectaculaire, Séoul a transformé une ancienne autoroute en jardin suspendu, suivant la voie de Portland ou de San Francisco.

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