Passer à la semaine de travail de 6h peut-il sauver la planète ?

Et si travailler moins permettait de protéger la planète ? C’est ce qu’avance le think tank britannique Autonomy dans une étude publiée en avril 2019.

En se basant sur l’évolution des émissions de gaz à effet de serre, l’auteur de l’étude La limite écologique du travail affirme qu’une réduction du temps de travail permettrait de ne pas dépasser les 2°C de réchauffement climatique dans les pays industriels européens.

Le droit à la paresse appliqué à la planète

Philipp Frey, qui signe l’étude, reprend les propositions de deux célèbres économistes. Paul Lafargue, dans son manifeste Le Droit à la paresse, demandait déjà en 1880 une limitation du temps de travail à 3 heures par jour. Après lui, en 1930,  John Maynard Keynes prédisait qu’une forte augmentation de la productivité permettrait de passer à la semaine de travail de 15 heures.

Si la prédiction de Keynes ne s’est pas confirmée, l’étude d’Autonomy la remet au goût du jour pour répondre à l’urgence climatique. Plusieurs études ont déjà établi un lien entre temps de travail et pollution. L’une d’elles, publiée en 2015 par Jonas Nässén et Jörgen Larsson, assurait que diminuer le temps de travail d’1 % permettrait de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 0,8 %, car si l’on travaille moins, on produira et consommera en quantités moins importantes.

En combinant ces données aux émissions carbone et à la productivité par heure de chaque pays, Philipp Frey a calculé que les Britanniques devraient limiter leur temps de travail à 9 heures par semaine pour ne pas dépasser le seuil des 2°C de réchauffement climatique. Les Allemands, eux, devraient descendre à 6 heures par semaine, et les Suédois à 12 heures. Pour la France, pas de chiffre précis, hormis celui donné pour l’ensemble de l’OCDE : 6 heures de travail hebdomadaire.

Une solution insuffisante

L’étude admet tout de même un point important : la réduction du temps de travail seule ne sera pas suffisante pour résoudre le problème du réchauffement climatique. D’autres mesures devront être mises en place pour répondre à l’urgence climatique, comme inciter la population à réaliser des activités éco-reponsables sur leur temps libre, et respecter davantage les quotas d’émission de CO2 par pays.

De plus, les chiffres avancés se basent sur une réduction théorique du temps de travail, sans prendre en compte d’éventuels changements pouvant influencer le calcul. Si le chômage venait à baisser, ou la productivité à augmenter par exemple, il faudrait travailler encore moins : en dessous de 10 heures par semaine, même en Suède.

Bon pour la planète, mais pas que

Le think tank s’est également intéressé aux autres bienfaits d’une réduction du temps de travail, dans une étude publiée en janvier 2019.

En plus de limiter les émissions de gaz à effet de serre, elle permettrait de mettre fin aux inégalités salariales, d’augmenter la productivité, de faire baisser le chômage et d’améliorer la santé mentale des travailleurs, rien que ça !

Explications de cette solution miracle : En travaillant moins, et dans de meilleures conditions, les employés seraient soumis à moins de stress, et donc seraient plus efficaces. L’automation, au lieu d’être une menace, permettrait de gagner du temps libre pour les salariés, sans supprimer d’emploi.

Le modèle de cette semaine de travail raccourcie prévoit même une augmentation des salaires ! Un programme certes difficile à appliquer, mais qui fait rêver…

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