Partager la publication "Réarmement démographique : l’appli de rencontre de la mairie de Tokyo peut-elle changer la donne ?"
Que diable vient faire la municipalité de Tokyo sur le marché de l’appli de rencontre ? Légitime question ! Pour promouvoir le mariage et lutter contre le taux de natalité chroniquement faible, le gouvernement métropolitain de la capitale nippone lance sa propre application de rencontres. Mais loin d’encourager les flirts et aventures, elle a mis l’accent sur le sérieux des annonces afin d’éviter les problèmes habituels des autres services de mise en relation amoureuse. Cette app, payante, développée et exploitée par une entreprise privée, devrait être disponible cet été après une phase de test qui vient de démarrer. Le gouvernement métropolitain de Tokyo a alloué 200 millions de yens (1,18 million d’euros) dans son budget pour 2023 et 1,77 million d’euros pour 2024 pour l’appli et d’autres projets de promotion du mariage.
Des investissements qui visent à tenter d’endiguer la dénatalité qui ne cesse de s’aggraver année après année. Seulement 758 600 naissances ont été enregistrées en 2023 (-5,1 % sur un an). Problème : les couples n’ont pas assez d’argent pour élever des enfants. Bon nombre de célibataires n’ont pas non plus la rémunération suffisante pour présenter un “bon parti” (le mariage reste un préalable au Japon). Et Tokyo est la ville la plus chère du monde… Enfin, une partie de la population ne veut tout simplement pas avoir d’enfant face aux perspectives d’avenir peu optimistes (guerres, réchauffement climatique, etc.). Le “réarmement démoghraphique”, cher à Emmanuel Macron, devient de plus en plus crucial au Japon.
Un processus d’inscription strict et minutieux
Pour inciter au sérieux de la démarche des Tokyoïtes, il faudra non seulement intégrer une pièce d’identité, avec photo, dans l’application mais aussi prouver… qu’ils sont célibataires ! Pour cela, il sera nécessaire de fournir une copie du registre de famille ou tout autre document officiel permettant d’établir le statut marital. Ce n’est pas tout : les candidats à l’utilisation de l’application devront en outre répondre à 15 questions relativement personnelles : taille, cursus scolaire et universitaire, profession… et fournir un avis d’imposition. Toutes ces données pourront être dévoilées à la personne qui aura “matché” avec le profil. Selon le gouverneur de la ville, Yuriko Koike, afficher ses revenus est “un indicateur pour évaluer une correspondance potentielle et aider les utilisateurs à envisager un avenir ensemble.”
Et ça continue : afin de finaliser l’inscription, il faudra réaliser un entretien avec une personne de la société qui gère l’application. À cette occasion, les candidats seront tenus de signer un engagement indiquant que leur démarche est sincère et vise à trouver un partenaire de mariage, et non pas une relation occasionnelle.
Inciter les célibataires habitant Tokyo à faire le premier pas
Les responsables de Tokyo ont déclaré que des exigences strictes étaient nécessaires pour éviter les problèmes de crédibilité des autres applications et un usage trop “récréatif” de leur système de mise en relation. À Tokyo, on ne badine pas avec l’amour. Il faut dire que, selon une enquête menée en 2021 par Mitsubishi UFJ Research, 60 % des utilisateurs d’applications de rencontres au Japon ont menti au moins une fois dans leur profil sur un site de rencontre.
“S’il y a de nombreuses personnes intéressées par le mariage mais incapables de trouver un partenaire, nous voulons leur apporter notre soutien, a déclaré un responsable de la ville de Tokyo selon le quotidien Asahi Shimbun. Nous espérons que cette application, associée au gouvernement, apportera un sentiment de sécurité et encouragera ceux qui hésitent à utiliser les applications traditionnelles à faire le premier pas dans leur recherche d’un partenaire.” Vivre d’amour et d’app officielle de rencontre, c’est la vie des Tokyoïtes en 2024.
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