Partager la publication "Réchauffement climatique, déforestation… les Gardiens de la forêt luttent pour notre Terre"
“Nous, peuples et communautés autochtones qui vivons dans la forêt, connaissons sa richesse. Nous en sommes les garants et les protecteurs.” Benki Piyãko est chef de la tribu des Asháninka, au Brésil. C’est l’un des cinq “gardiens de la forêt” mis en avant dans la série-documentaire éponyme, diffusée sur ARTE le 9 décembre lors d’une journée spéciale et dont WE DEMAIN est partenaire. On y découvre le destin de cinq ambassadeurs de peuples autochtones issus de continents différents. Enracinés au cœur de ces écosystèmes depuis des millénaires, ils vivent en symbiose avec la forêt.
Brésil, Canada, Mongolie, Congo, Papouasie-Nouvelle-Guinée : la richesse de la biodiversité transpire dans ces forêts primaires. Des réservoirs biologiques exceptionnels qu’il est vital de protéger. Selon l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO), 420 millions d’hectares de forêts ont disparu entre 1990 et 2020. C’est 10 % des forêts dans le monde, une superficie supérieure à l’Union européenne.
Cette série documentaire dénonce notamment les dangers de la déforestation importée, celle venant de la demande de marchés distants. Les importations européennes seraient ainsi responsables d’environ 16 % de la déforestation mondiale (rapport du WWF, 2021).
Pour la première fois, ARTE entend aussi sensibiliser à ce combat par le biais d’une campagne d’impact. Gardiens de la forêt a été projeté récemment au Parlement européen, à Bruxelles, devant quelque 150 personnes, pour faire entendre la voix des peuples autochtones. L’occasion de rappeler que nous avons tous une responsabilité. Même à des milliers de kilomètres.
Homme-médecine punu – “Je pleure ma forêt car on est en train de la perdre. Nos savoirs ancestraux sont menacés de disparaître. Notre forêt est précieuse car elle permet de soigner et de préserver la vie.” Surnommé Mambongo, ce guérisseur gabonnais, spécialisé dans les maladies de peau, des reins et les MST, se consacre à la préservation des bois sacrés, comme l’iboga aux vertus stimulantes physiques et mentales. Il œuvre aussi à la transmission des savoirs ancestraux, telle la cérémonie initiatique du bwiti autour du précieux petit arbre à feuilles blanches et aux baies rouge orangé du bassin du Congo.
Leader du peuple Asháninka – “Nous avons été contaminés par les sentiments de nécessité et de manque, la volonté de ‘toujours plus’. Nous devons simplifier ce dont nous avons besoin pour vivre sur la terre.” Engagé depuis ses 18 ans dans la protection de la forêt amazonienne, il dénonce “chaque nouvelle route qui transperce cet écosystème comme une flèche et l’affaiblit.” Avec son peuple, il a déjà replanté 3 millions d’arbres. “Cette forêt, ce n’est pas nous qui l’avions détruite, mais nous l’avons replantée.” Il a reçu le Prix national brésilien pour la défense des droits de l’homme (2004) et celui de la Culture pour la paix de la Fondation Chirac (2020).
Gardienne de la terre dénée – “Si vous ne connaissez pas la Terre et votre place sur celle-ci, alors vous ne savez pas qui vous êtes. Vous êtes perdu.” Twyla vit avec son peuple, les K’ahsho Got’ine (le peuple des grands saules), au cœur de la forêt boréale du nord-ouest du Canada. Son métier ? Gardienne de la Terre. Sa mission : gérer les zones protégées de sa région, située au bord du cercle polaire. Ici, le climat évolue deux à trois fois plus vite qu’ailleurs. Exploitation de minerais, pétrole, gaz, barrages hydroélectriques… viennent perturber le fragile équilibre de la nature, contaminant les eaux et les terres.
Chef coutumier de la tribu des Hulis – “Ma forêt (…) est aussi la vôtre. Cette nature unique constitue un patrimoine mondial, dont l’humanité toute entière a la responsabilité.“ Ce chef de tribu papou, déjà interviewé en 2022 par WE DEMAIN, a fait 14000 km pour témoigner à Paris du drame de la déforestation et du réchauf- fement climatique pour son peuple. «Frère des arbres», il vit au cœur d’une des dernières grandes forêts primaires du globe, qui a perdu environ 60% de son couvert forestier, dont plus des deux- tiers du fait de la déforestation illégale. “On vend nos terres et même ce qui se trouve sous nos terres“, regrette-t-il. Lueur d’espoir : l’État a interdit l’exportation de grumes bruts et développe l’agroforesterie.
Chef ranger et directeur du Red Taiga National Park – “Dans la taïga, on n’entendait plus rien, excepté les coups de feu. Et quand il n’y eut plus assez d’animaux sauvages, les hommes se mirent à chercher de l’or.” Au nord de la Mongolie, Tumursukh, nomade darhat, veille sur 6 millions d’hectares. Cela fait trente-six ans qu’il se consacre corps et âme à son rêve d’harmonie entre les nomades, les animaux et l’ensemble de la nature. “Aujourd’hui, dans la taïga rouge, les animaux ne nous voient plus comme des prédateurs.” À force d’un travail acharné avec ses équipes pour restaurer la vie sauvage, les résultats sont, en effet, au rendez-vous.
Pour aller plus loin
À lire : Gardiens de la forêt, l’appel des peuples autochtones par Claire Eggermont et Marc Dozier, ARTE Editions / Le Seuil, 216 pages, 42 €.
À voir : “Gardiens de la forêt”, une série documentaire de Jérôme Bouvier, Marc Dozier, Mike Magidson, Luc Marescot et Hamid Sardar, diffusée à l’occasion d’une journée spéciale le 9 décembre sur ARTE et disponible sur arte.tv/gardiensdelaforet.
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