Rezo Pouce : Un réseau d’auto-stop rapide et sécurisé

À 82 ans, Christiane Boissard est une adepte du stop. Vivant à Avrechy (Oise), cette octogénaire ne souhaitait plus utiliser sa voiture à cause de problèmes de vue. En septembre dernier, elle s’est donc mise à tendre le pouce. Un peu craintive au départ, elle est devenue très rapidement une autostoppeuse quotidienne. “Avant, je me rendais chez mes voisins pour qu’on discute, mais depuis qu’ils sont partis, je suis plus isolée… Aujourd’hui, je me retrouve à échanger avec de nouvelles personnes tout le temps, ça me fait un bien fou. En plus, ça me facilite la vie. Plus jamais je ne sortirai la voiture !”

Christiane Boissard est adhérente de Rezo Pouce. Un réseau qui entend changer la mauvaise image du stop, réputé dangereux, aléatoire, trop long… pour en faire “le transport en commun des zones rurales”, explique son chargé de communication digitale, Tony Sabatier.

Pour convaincre, la Scic Rezo Pouce (Société coopérative d’intérêt collectif), fondée en 2015 par Alain Jean, un ancien élu local, a développé un service de stop sécurisé et organisé, qui s’étend aujourd’hui sur 1730 communes et compte environ 13 000 adhérents.

Concrètement, Rezo Pouce met en place dans les communes des arrêts ressemblant à ceux des bus traditionnels, distribue un macaron à poser sur le pare-brise du conducteur et une carte d’adhérent au réseau. “Nous voulons montrer aux Français qu’il n’y a rien de dévalorisant ou contraignant dans l’auto-stop” , ajoute Tony Sabatier.

L’inscription peut se faire par téléphone, sur le site ou une appli, avec plusieurs modes proposés :
-Le mode “Instantané”, pour partir immédiatement en visionnant en temps réel sur une carte les conducteurs situés autour de l’utilisateur et leur destination.
-Le mode “Programmé” pour proposer un trajet en voiture ou en trouver un à l’avance, avec des hashtags (comme #GareGifSurYvette) pour visualiser tous les trajets liés. 

Résultat, “en moyenne, un auto-stoppeur Rezo Pouce attend 6 minutes avant d’être pris”.

Mais pour bénéficier de ce service gratuit, il fait que la commune où vous vous trouvez y participe.

Car ce sont ces communes qui financent le réseau. Celles de 10 000 habitants doivent payer 2500€/an hors taxes pour bénéficier de l’installation “d’arrêts de stop” et de dispositifs de communication aux habitants. Celles de plus de 100 000 habitants au minimum 6000€ HT/an. Un pari qui peut être intéressant : “Le stop renforce le lien social et diminuer l’empreinte carbone des usagers”, plaide encore Tony Sabatier.

D’autant que Rezo Pouce va développer deux nouveaux services en janvier 2020 : Rezo Pro, pour un covoiturage organisé entre travailleurs, et Rezo Senior, pour conduire les personnes âgées dans leurs déplacements quotidiens. 

En attendant, si vous vivez en ville ou dans une zone non couverte, sachez qu’il existe des services de covoiturage solidaires à des prix raisonnables tels que OuiHop’, Autostop  ou Mobicoop