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Santiago Lefebvre : “ChangeNOW, ce sont des rencontres pour changer le monde”

Du 19 au 21 mai 2022, se tient le salon ChangeNOW, plus grand événement au monde dédié aux solutions pour la planète, en dehors des COP. Rencontre avec son fondateur.

Le 19/05/2022 par Florence Santrot
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Santiago Lefebvre est le fondateur et le CEO du salon ChangeNOW. Photo : ChangeNOW.
Santiago Lefebvre est le fondateur et le CEO du salon ChangeNOW. Photo : ChangeNOW.

L’idée de ChangeNOW a émergé en 2015. Pour sa cinquième édition, ces 19, 20, 21 mai 2022, quelque 1000 entreprises à impact se réunissent au grand Palais Éphémère pour présenter leurs projets et écouter les interventions de speakers de renommées internationales sur des sujets très variées, environnementaux évidemment mais aussi autour des défis sociaux, de la diversité et de l’inclusivité.

Santiago Lefebvre est le fondateur et CEO de l’événement. Pour WE DEMAIN, il nous présente les spécificités de cette édition et les projets qui l’ont particulièrement marqués. Il dresse aussi un bilan de l’évolution de ChangeNOW édition après édition, à mesure que le monde s’est de plus en sensibilisé aux thématiques environnementales et que les rapports du GIEC ont révélé l’ampleur des dégâts et l’urgence des mesures à prendre. Mais Santiago Lefebvre reste néanmoins optimiste.

WE DEMAIN : Comment se présente ce ChangeNOW ? Il y a du monde dans les allées pour cette première journée…

Santiago Lefebvre : ChangeNOW se présente bien et cela fait plaisir après un an à le rêver et le préparer. Il y a du monde et les gens viennent d’un peu partout en Europe. C’est très encourageant : j’ai déjà eu des retours de participants qui me disent qu’ils ont recroisé des personnes de l’écosystème européen qu’ils rencontraient régulièrement avant la pandémie et qu’ils n’avaient pas vu depuis 2-3 ans. Ce salon sert aussi à resserrer des liens qui se sont un peu distendus avec le Covid.

Et puis c’est l’occasion de découvrir de nombreux nouveaux projets à impact positif et de réaliser la force d’un tel écosystème où on peut rencontrer des initiatives qui nous intéressent, des personnes qu’on veut revoir pour envisager un projet ensemble, qu’on veut aider ou qui peut nous aider.

ChangeNOW reste très axé start-up. C’est une volonté délibérée ?

La ligne de ce salon est restée inchangée depuis la première édition. Quand j’ai eu l’idée de créer ChangeNOW, je me suis demandé qui je voulais défendre. La réponse est : la personne qui porte un projet. Donc, depuis le début, nous avons pour souci de mettre les porteurs de projet au centre de l’événement. Après start-up ou pas start-up, cela nous importe peu. Nous ne regardons pas qui porte les solutions mais si la solution en elle-même a un intérêt. C’est vrai qu’il y a beaucoup de start-up mais il y a aussi Accor qui a son stand, Back Market est là, Orange est là…

Vous avez toujours les mêmes critères pour sélectionner les projets à impact retenus ?

Oui, nous avons gardé la même philosophie, ChangeNOW est un salon qui a pour vocation de faciliter les connexions et les rencontres pour changer le monde et accélérer la transition écologique. Idem pour la sélection des projets, nous restons sur quatre grands piliers : la transition écologique pour lutter contre le changement climatique, l’accompagnement de l’évolution sociétale (diversité, inclusivité), la question des ressources économiques et la protection de la biodiversité. Dans nos critères de sélection des projets, ce qui a pu changer, c’est notre meilleure connaissance du réchauffement climatique. Les scientifiques nous aident à y voir plus clair d’année en année et on est donc de plus en plus pointilleux sur l’analyse des dossiers et du cycle de vie des produits présentés à ChangeNOW.

Les start-up présentes cette année ont des profils différents des éditions précédentes ?

Deux choses ont changé sur cette édition : parmi les fondateurs de ces entreprises à impact, ils étaient bien souvent militants avant de devenir entrepreneurs. Désormais, on a bien davantage d’entrepreneurs qui se montrent de plus en plus militants. Ils viennent pour beaucoup de la tech et finissent par vouloir porter des projets à impact. Résultat : les solutions présentées sont de plus en plus viables. C’est très encourageant.

Autre différence : le montant des levées de fonds ne cesse de grimper. Même si ce n’est pas le but premier de ChangeNOW, ce salon est l’occasion pour de jeunes projets de trouver des financements. Il y a encore deux ans, le montant moyen demandé était de 200-300 000 euros. Cette année, on est plutôt sur 1 million d’euros. Les start-up ont gagné en maturité.

Après les derniers rapports du GIEC, vous n’avez pas eu envie de baisser les bras ? Comment rester optimiste et motivé ?

Personnellement, j’ai ressenti un certain abattement après le rapport du GIEC de l’été 2021. C’était assez plombant, c’est vrai. Mais je me suis ensuite rappelé que si, mes actions à moi, plus celles de mon voisin, de ma voisine, de mes proches… si toutes ces petits gestes du quotidien mis bout à bout peuvent éviter une hausse d’un dixième de degré, ce sera déjà ça de gagner. Je veux donc continuer à contribuer à essayer de réduire le réchauffement climatique à mon niveau. C’est comme ce que raconte Jane Goodall dans Le Livre de L’Espoir : elle prend l’exemple d’une personne en Tasmanie qui avait réussi à récupérer le dernier couple d’un oiseau en voie d’extinction. Elle a réussi à recréer une population et désormais cette espèce n’est plus en danger. Si on peut aider à sauver une espèce animale de la disparition, ne serait-ce qu’une seule espèce à son niveau, alors il faut essayer.

Sur cette édition ChangeNOW 2022, il ya quelques projets qui vous ont plus particulièrement marqués ?

J’ai beaucoup aimé une start-up dédiée à la construction durable. Carbicrete fabrique un béton sans ciment et négatif en carbone. Il y a aussi la start-up bordelaise Gouach qui a mis au point une batterie réparable pour vélo électrique. Côté mode et économie circulaire, la startup belge Resortecs a inventé un fil de couture qui fond à haute température. Cela permet de détacher très facilement différents éléments d’un même vêtement pour en faciliter le recyclage. Et puis je pense aussi à Nolt, c’est un équipementier sportif écoresponsable et circulaire. Cette start-up française fabrique des maillots de foot à partir de la pollution plastique puis, une fois que ces maillots sont trop usagés, ils sont transformés en plots d’équipements sportifs.

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