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La spiruline, un superaliment, vraiment ?

Le 06/11/2018 par Pauline Vallée

Vous avez sûrement déjà aperçu – ou consommé – ces drôles de petits comprimés verts foncés. Utilisée par les Aztèques dès le XVIe siècle, redécouverte au début du millénaire par nos sociétés industrialisées contemporaines, la spiruline a intégré en quelques années seulement le club très sélect des “superaliments” grâce à ses qualités ultra-nutritives, et son action bénéfique sur notre système immunitaire.

Vendue sous forme de poudre, pilules, pâte, la micro-algue peut se décliner en gâteaux, smoothie ou cocktail, et suscite un véritable engouement. Sa production mondiale a explosé : rien qu’en Chine, la production a bondi de 19 000 tonnes en 2003 à 62 300 tonnes en 2010 (selon la FAO). En France, les producteurs adhérents à la Fédération des Spiruliniers produisent au total 30 à 35 tonnes par an, sans parvenir à suivre le rythme de la demande nationale.
 

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Une championne des protéines

Les raisons d’un tel succès ? Sa haute teneur en protéines (de 60 à 70% de sa matière sèche) et en acides aminés indispensables (47%), mais aussi en minéraux, antioxydants (caroténoïdes) et vitamines (bêta-carotène), qui en fait un complément alimentaire redoutablement efficace, notamment pour les enfants souffrant de malnutrition dans les pays en développement. Selon la FAO, 15 grammes de spiruline correspondent à 100 grammes de viande de bœuf. 

En revanche, la vitamine B12 qu’elle contient n’est pas très bien métabolisée par notre organisme : “La vitamine B12 de la spiruline est constituée d’au moins deux analogues dont le majoritaire (80%) est de la pseudo-vitamine B12 qui (…) est donc inactive” souligne l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES)  dans un rapport publié en novembre 2017. “La spiruline ne constitue pas une source fiable de vitamine B12 pour les populations végétarienne et végétalienne”, conclut-elle.

Son fer est également très peu absorbable, avertit le nutrithérapeute Jean-Paul Curtay. L’expert met en garde contre les effets indésirables que peuvent entraîner une consommation intensive de spiruline, comme l’augmentation du taux d’acide urique. “On a voulu l’utiliser comme source de protéines pour les enfants dans les régions de famine, mais on a été obligé de n’en mettre qu’un peu à cause de ce problème.” L’ANSES conseille donc de n’en consommer qu’à faible dose, c’est-à-dire pas plus de 10 grammes par jour chez l’adulte.

Attention aux métaux lourds !

Enfin, mieux vaut être vigilant sur la provenance de votre poudre ou vos comprimés car ils peuvent contenir des métaux lourds comme le plomb, le mercure ou l’arsenic. “Les compléments alimentaires (…) en vente sur Internet peuvent contenir des toxines, des bactéries et des traces de métaux”, met en garde l’ANSES. Lorsqu’elle est produite hors de l’Union Européenne, la spiruline peut être contaminée par l’eau dans laquelle elle est cultivée. Privilégiez donc les circuits d’approvisionnement conformes à la réglementation française,  qui permettent facilement leur traçabilité et l’identification du fabricant. Ou bien, fabriquez la vous-mêmes !

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