Partager la publication "Touche pas à ma nature : quand les entreprises s’y mettent"
“Rien que le fait d’être invité par Bpifrance est pour nous un gage de crédibilité – se réjouit Baptiste Trény – jour E est une tribune pour avoir plus de visibilité“. Après avoir bénéficié d’une aide substantielle (30.000 euros) dans le cadre du programme Bourse French Tech le “créateur de forêts” – c’est le nom de son entreprise à mission au statut ESUS (Entreprise Solidaire d’Utilité Sociale) créée il y a trois ans – apprécie de pouvoir “semer des graines” dans la tête des dirigeants.
“Agir pour la biodiversité, tout le monde en reconnait l’importance, mais il y a souvent d’autres priorités, dans un monde d’instantanéité où une info chasse l’autre, souligne-t-il. Il faut rabâcher, convaincre, c’est énergivore. Un événement comme Jour E permet de toucher beaucoup de monde en un même lieu“. En plus de sa présentation (5 minutes sur scène), il se prépare à rencontrer des dirigeants d’”entreprises conventionnelles” qui ont besoin de solutions dans ce domaine souvent flou ou longtemps négligé. Premier membre de la communauté des Coq verts dans les Deux Sèvres, le jeune niortais mesure l’importance de se faire un réseau pour mieux faire connaître son concept. “Je suis un promoteur de la biodiversité“, se définit-il.
“Comme un promoteur, je mobilise plusieurs corps de métiers mais moi je n’agis pas pour dégrader mais agrader l’écosystème“. Concrètement, il s’agit de redonner vie à des écosystèmes sur le territoire local via la plantation de forêts. Le modèle économique est le suivant. Chaque projet coûte 30 000€ par hectare soit 3€ le m2. Le prix pour les contributeurs est fixé à 5€ HT le m². “Nous concevons des forêts sur des terrains que nous transmettent des communes du territoire ou que nous achetons nous-mêmes.” Les communes approuvent en général l’idée de lui confier des terrains dont elles n’ont plus l’utilité, qui sont en friche ou impropres à l’agriculture.
D’autant que les collectivités restent propriétaires de leurs terrains. Il n’exige qu’une seule contrepartie : que le terrain soit uniquement voué à la préservation de la biodiversité pendant 99 ans, soit la durée maximale que l’on peut exiger dans la législation française. “Tout est formalisé par des actes notariés. C’est ma façon de m’assurer d’obtenir un engagement sur le long terme, d’avoir la certitude que les arbres ne seront pas coupés au bout de quelques années pour quelque motif que ce soit.”
Une fois le terrain acquis, l’entreprise se procure des arbres qu’elle plante, protège et entretient. Tout se fait à travers une campagne de financement participatif. “73 entreprises et plus de 1 000 particuliers ont déjà investi. Nous réconcilions les enjeux de la biodiversité et la performance des entreprises“, commente Clotilde Vernes, Responsable de projets Développement Durable et RSE chez Bpifrance.
Si accompagner un entrepreneur déjà convaincu comme Baptiste ne pose pas de problèmes, en est-il de même pour les autres dirigeants ? “On entend souvent dire que la biodiversité n’a rien à voir avec les entreprises. Parler des oiseaux et des fleurs au sein d’un conseil d’administration apparaît saugrenu. Nous combattons cette idée et nous le faisons au nom de l’intérêt économique de ces dernières.” Et de citer le rapport Nature Risk rising du cabinet de conseil PWC présenté lors du dernier Forum Economique Mondial : “50% du PIB mondial est dépendant de la nature !“
Une bonne partie de son travail consiste à lutter contre les idées reçues. Penser qu’en faisant pousser des plantes et des arbres, on a tout résolu. Protéger la nature c’est forcément à l’autre bout du monde, dans un imaginaire exotique de type Ushuaia. “Or, dit-elle, on peut agir au niveau local, en France, dans notre ville, dans notre quartier.”
“Cela bouge dans les mentalités, il y a une prise de conscience des dirigeants d’entreprises et des acteurs financiers. Et nous observons une force régénérative de la nature.” Encore faut-il s’y prendre à temps. À la différence du changement climatique plus identifiable (mesure sur les gaz à effet de serre), la biodiversité est difficile à appréhender car elle prend des formes extrêmement variées en fonction des secteurs, du territoire, de la taille des entreprises. Pis encore, la biodiversité est encore trop perçue comme un frein ; elle ne fait pas partie du vocabulaire, c’est culturel. “Il ne suffit pas de mettre une ruche sur les toits ou d’avoir un jardin d’entreprise, si l’on a une usine polluante…“
“Le climat a ouvert des portes dans les esprits, maintenant il faut élargir ces portes pour prendre en compte l’ensemble des enjeux environnementaux, au-delà du changement climatique”, martèle Clotilde Vernes.
Pour découvrir les enjeux autour de la biodiversité, participez à Jour E le 04/04 prochain à Nantes.
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