Partager la publication "Tous aux abris : comment les Français doivent se préparer aux catastrophes naturelles"
“Le GIEC a émis plusieurs hypothèses sur l’évolution du climat d’ici 2050 mais, une chose est sûre, on ne va pas vers du mieux.” Gaël Musquet, hacker et météorologue français, s’intéresse tout particulièrement à l’anticipation, la prévision et la prévention des catastrophes naturelles. Inutile de dire qu’il devrait avoir de plus en plus de pain sur la planche ces prochaines années. À l’occasion de notre événement “we are_ DEMAIN”, il a évoqué le climat en 2050 mais surtout évoqué la multiplication des catastrophes naturelles ces dernières années. Aussi coûteuses financièrement que dangereuses pour le vivant.
Un phénomène qui devrait s’accentuer encore dans les prochaines décennies. “Ouragans, tempêtes, inondations, sécheresses et canicules sont devenus de plus en plus fréquents et intenses. Le nombre de catastrophes a été multiplié par cinq en 50 ans”, avait alerté, en 2021, l’ONU dans un rapport. Prenant l’exemple de l’Île-de-France, le scientifique Gaël Musquet craint l’apparition d’un effet domino. “Le cumul sécheresse, températures élevées et maladies tropicales apportées par les JO de 2024 pourraient être un cocktail détonnant à l’été 2024. Si, à l’automne, de fortes pluies viennent s’ajouter à la problématique, cela pourrait donner des inondations que les grands lacs en amont de la Seine ne pourront peut-être pas juguler. Ce qu’il s’est passé dans le Nord et le Pas-de-Calais pourrait très bien arriver en Île-de-France aussi.”
Si, comme en 2018, le niveau de la Seine monte vite, à raison de 2 cm par heure, cela peut faire de gros dégâts, y compris humains. “Le principal danger à Paris, c’est le risque inondation, prévient Gaël Musquet. Le problème est que personne en métropole ne connaît les itinéraires d’évacuation. Le site georisques.gouv.fr donne pourtant les bons conseils pour se préparer.” Il est toujours bon, à Paris comme ailleurs, d’aller y jeter un coup d’œil pour voir ce à quoi son logement est exposé.
“Imaginons une crue majeure dans la capitale, on fait quoi ? Les eaux usées ne seront plus évacuées, empêchant de sortir sans risque sanitaire. Mais rester dans les étages n’est pas une solution non plus car il y aura des risques électriques. Qui plus est, le réseau de communication sera saturé en 45 minutes à 2 heures, rendant les smartphones inutiles. Les systèmes urbains de chauffage/refroidissement seront à l’arrêt…”
Dans ces conditions, les premiers aidants sont en général la cellule familiale puis ses voisins. Mais il faut d’ores et déjà s’interroger : ai-je un stock d’eau potable chez moi ? De quoi me nourrir pendant 72 heures ? Si mes proches ne sont pas à la maison le Jour J, il faut se mettre d’accord en amont sur un point de rencontre, a priori, hors de danger (logement, mairie de quartier, gymnase…). Autant d’éléments qu’il est utile d’anticiper pour que, lorsqu’un incident survient, il y ait le moins de points de friction possible.
Alors qu’en métropole on peine à mettre en place des exercices pour s’entraîner à bien réagir lors de catastrophes naturelles, ce n’est pas le cas outre-mer. Par exemple, chaque année, Caribe Wave est un exercice d’alerte grandeur nature aux tsunamis et aux divers risques côtiers dans les Caraïbes. Organisé par l’Unesco, il implique l’intégralité de la population des îles (48 États et territoires au total). L’occasion pour l’association HAND (hackers against natural disaster), fondée par Gaël Musquet, de tester les dispositifs technologiques mis en place pour réagir au mieux face à une catastrophe naturelle.
“Depuis 11 ans, il y a un exercice Caribe Wave tous les ans, explique le scientifique. Et l’information d’urgence passe notamment par les radioamateurs formés en sécurité civile qui font transiter l’information en relais à travers toute la caraïbe. La méthode est simple mais diablement efficace en cas de crise. Il faudrait d’ailleurs former bien plus de radioamateurs en métropole – doubler ou tripler le nombre d’ici 2050 –, pour être prêts face aux risques croissants.“ D’où l’importance aussi d’avoir avec soi en cas de situation d’urgence une petite radio, pour se tenir au courant même si les réseaux 4/5G ne fonctionnent plus.
Mettre en place des protocoles et faire des exercices régulièrement fonctionne. La preuve avec le Chili, qui a mis en place des protocoles précis en cas de catastrophes naturelles. En 2010, le pays avait dû faire face à plus de 700 morts suite à un séisme et au tsunami qui s’en était suivi. En 2015, rebelote mais, cette fois-ci, le pays était prêt. 1 million de personnes vivant sur la côte a pu être évacué très rapidement. Résultat : le bilan a fait état de 15 morts, bien moins que 5 ans auparavant. “En outre, des études ont prouvé qu’investir 1 euro dans la prévention permet d’éviter de dépenser entre 7 et 10 euros lors d’une crise”, pointe Gaël Musquet.
En métropole, selon la loi du 25 novembre 2021, dite loi Matras, qui vise à consolider le modèle de sécurité civile, des exercices d’information et de prévention devront désormais être réalisés localement tous les cinq ans. Cannes – tout comme Deshaies en Guadeloupe – fait partie de ces villes pionnières en la matière. Les deux communes ont reçu le label “Tsunami Ready” de l’Unesco. À Cannes, depuis 2020, une signalétique d’évacuation tsunami (et submersions marines) a été mise en place dans les rues de la ville et des exercices de simulation grandeur réelle sont organisés tous les ans.
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