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Vacances post-covid : revenge travel ou slow tourisme ?

“Ce sera une reprise historique !”, affirme Sébastien Bazin, PDG du groupe Accor. “D’autant que les Français ont épargné en masse.” Le PDG de NG Travel, Olivier Kervella, estime pour sa part qu’“on aura un effet revenge travel [revanche par le voyage, ndlr]”. Les croisiéristes observent quant à eux “une envie grandissante de voyages”.

Mise à terre par la crise sanitaire, l’industrie du voyage croit à des lendemains sous le signe de l’ailleurs. Il faut dire que les voyants sont plutôt au vert : tandis que le secteur des compagnies aériennes enregistre une hausse de ses cotes en Bourse, le boom des réservations chez easyJet était en février de plus 337  % et de 630  % pour des séjours tout inclus à Malaga, en Crète ou au Portugal. “Le consommateur n’attend que le signal de départ”, commente le PDG d’easyJet.

Cet article a initialement été publié au sein de notre grand dossier “La ruée vers l’espoir” de WE DEMAIN n°34, disponible en kiosque et sur notre boutique en ligne.

Des envies de slow tourisme

Privés de la part de rêve du voyage, les Français sont dans les starting-blocks. Des “revenge travelers” qui, selon le cabinet de conseil Simon-Kucher & Partners, prévoient de dépenser plus et de partir plus longtemps. Dans une étude de Booking.com de début 2021, 59  % des Français interrogés affirment qu’ils ont hâte de pouvoir voyager à nouveau, et 65  % qu’ils profiteraient désormais davantage des opportunités, 22  % souhaitant rattraper le temps perdu en 2020.

Mais ce n’est plus tant le voyage lointain qui fait rêver. Au palmarès des envies de slow tourisme : profiter de la nature (44  %) et de plaisirs comme la randonnée (94  %), l’air pur (50  %) et la détente (33  %). Plus de la moitié des sondés (57  %) rechercheront des expériences rurales loin des sentiers battus et 38  % des destinations alternatives de façon à éviter le tourisme de masse.

Anthropologue du voyage et du tourisme, Jean Didier Urbain n’est pas étonné par cette forte aspiration au voyage. “L’homme est un individu mobile. Par définition, exister, cela veut dire être en dehors. Se placer en dehors. Le mouvement est essentiel au sentiment d’existence. Or, beaucoup d’entre nous ont pendant des mois éprouvé un sentiment d’inexistence.”

À lire aussi : Slow voyage : 4 escapades à vélo en France

Profiter de la nature et rattraper le temps perdu

L’auteur de L’Idiot du voyage (éd. Pocket) et L’Envie du Monde (éd. Payot) cerne deux profils : les confinés de la ville et ceux des campagnes au sens large. “Les confinés de la densité et ceux de la vacuité”, précise-t-il. “Leur dénominateur commun : rechercher le contact humain. Les premiers avec un goût de désert, au propre comme au figuré, d’expérience d’entre-soi, tribale, autarcique. Les seconds avec une attraction pour les lieux fuis par les premiers : le tourisme urbain va ainsi se développer fortement. Avec un besoin de foule, de fêtes collectives.” Et pour tous, un mot-clé : l’autonomie, ne serait-ce qu’en termes de mobilité. “Les grèves de trains ont laissé des traces.” D’où l’avènement de “l’homme escargotique”, qui voyage avec son camping-car. Un must-have pour le slow tourisme.

Haro sur l’avion et les croisières pour cause de péril climatique ? “Je n’observe pas de réforme de l’industrie touristique mais le frein écologique pourra, à terme, modifier les usages. Avec une régulation des zones touristiques. Reste que le tourisme de la lenteur n’est pas celui de la proximité : le pire, sur le plan environnemental, c’est le court séjour.”

“En fait, poursuit Jean Didier Urbain, il faudrait choisir entre la libre circulation des hommes et celle des marchandises. Il n’y a pas de raison pour que les hommes soient privés de mouvement. Le tourisme, vecteur la diversité, est ce qui est arrivé de mieux à l’humanité. On ne le prend pas assez au sérieux. Je pense que la crise aura éveillé les consciences sur cette pédagogie essentielle.”

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