Ralentir

Voici pourquoi notre libido diminue en automne

Cette chronique a initialement été publiée dans le numéro 29 de la revue WE DEMAIN. Retrouvez la chronique du nutrithérapeute Jean-Paul Curtay dans chaque numéro.

Ah, l’automne ! La lumière va se faire moins intense, moins prolongée… Votre libido, elle aussi, diminue ? C’est normal ! Il faut savoir que toute notre vie est rythmée par la luminosité. De petites cellules de notre rétine la captent et envoient l’info à une petite glande en forme de pignon de pin située au cœur du cerveau, la glande pinéale. Descartes y voyait le siège de l’âme. Puis la science nous a appris que l’information lumineuse y contrôlait la sécrétion d’une hormone : la mélatonine.

Cette mélatonine est un chef d’orchestre de notre organisme. Elle donne l’heure à chaque cellule, en plus d’indiquer la saison. Tout cela en fonction de la lumière. Moins il y a de lumière, plus la sécrétion de mélatonine augmente, ce qui envoie aux cellules l’ordre de déclencher des opérations nocturnes de maintenance, cruciales pour la santé et la longévité. Plus il y a de lumière, moins il y a de mélatonine. Alors notre énergie est davantage allouée aux activités diurnes, intellectuelles ou physiques. Le sexe, par exemple.

Moins elle est sécrétée, plus la mélatonine laisse agir les hormones sexuelles. Voilà pourquoi la puberté est associée à un effondrement de sa sécrétion. Même schéma ensuite à chaque printemps, où nos hormones sexuelles s’agitent sous l’effet de la luminosité. D’où cet “éveil du printemps”, thème d’une célèbre pièce du dramaturge allemand Frank Wedekind qui avait scandalisé lors de sa création, en 1906.

Dépression automnale

D’où aussi quelques effets inquiétants, et plus actuels, sur notre santé. La surexposition aux écrans, qui émettent la fameuse lumière bleue, fait baisser la sécrétion de mélatonine. Cela altère la qualité du sommeil et pourrait augmenter les risques de cancers du sein ou de la prostate. Cela est déjà démontré chez ceux qui subissent des décalages horaires répétés, les travailleurs de nuit ou les personnels de bord des avions. 
 
Cela est aussi vrai chez les personnes surexposées à des champs électromagnétiques induits par les couvertures électriques, les lits à eau ou le travail sur des transformateurs, qui annihilent la sécrétion de mélatonine. Elles développent plus de cancers hormono-dépendants.
 
La relation entre luminosité et sexualité est aussi un facteur pour expliquer les différences de niveaux d’hormones sexuelles et de libido entre les habitants de pays ensoleillés et de pays nordiques. Les premiers présentent des niveaux d’hormones sexuelles plus élevés, ce qui entraîne plus de muscle (la testostérone est anabolisante) chez les hommes et plus de formes chez les femmes. Revers de la médaille, elles souffrent d’un taux plus élevé de cancers de la prostate et du sein. Les seconds vivent les tendances inverses. Pas étonnant que la presse porno et les cabines de bronzage aient été “inventées” dans le Nord !
 
Mais dans une même zone géographique, certaines personnes sont plus sensibles que les autres aux variations de luminosité. À l’automne, elles vivent un effondrement de libido et une dépression que l’on appelle trouble affectif saisonnier. Le traitement ? La luminothérapie, une exposition matinale à des rampes de lumières de forte intensité.

Cure lumineuse

La lumière, enfin, est la source n° 1 de nos apports en vitamine D, une vitamine très peu présente dans nos aliments. Sa fonction la plus connue est de faciliter l’assimilation du calcium dans nos os. Mais nombre d’études lui prêtent désormais un rôle encore plus crucial, comparable à celui d’une hormone ! Elle est indispensable à nos défenses anti-infectieuses, à la lutte contre les cancers, les allergies, le diabète, la perte de mémoire et même le vieillissement. Les séniors qui manquent de vitamine D sont davantage sujets à ces maux et ont une mortalité nettement supérieure (de 54 % à 76 % selon les études) à celle de ceux qui prennent des compléments en vitamine D.

Qui manque de vitamine D ? Quasiment tout le monde. Nos taux baissent, surtout l’hiver, et restent à des niveaux très insuffisants le reste de l’année. Car d’octobre à mars, les rayons UVB indispensables pour déclencher la production de vitamine D dans la peau sont absents. Même au printemps et en été, très peu de personnes s’exposent suffisamment au soleil. Il faut au moins 30 minutes d’exposition à demi-nu pour produire les quelque 3 000 UI nécessaires chaque jour.

Alors, profitez du soleil ! Exposez vos yeux dès le matin à la lumière du jour, cela vous dynamisera pour la journée. Par contre, en fin de journée, filtrez la lumière bleue de vos écrans (avec l’appli F.lux, par exemple), pour bien dormir et vous réparer. Et soit vous trouvez trente minutes par jour pour lézarder, soit vous prenez en cachets l’équivalent de 20 000 UI de vitamine D par semaine.

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