À bord du N.-D. de Rumengol, cargo sans carbone

Ce matin de juillet ensoleillé, la sueur perle au front de Colette Le Bouter qui décharge des cartons du Notre Dame de Rumengol, un vieux voilier de 1945, à quai depuis la veille sous la capitainerie du port de Lorient. Responsable de la Biocoop locale, elle vient chercher des vins nan- tais, du chocolat dominicain, du safran de l’île d’Yeu. Les marchandises sont ensuite chargées dans une camionnette à propul- sion électrique et un camion à moteur alimenté en biogaz, direction Les 7 épis, la coopérative bio qui a essaimé trois établissements dans la région. On se croirait dans un conte écologiste. Pour Colette Le Bouter « la voile s’inscrit dans la cohérence de notre vision de la distribution de produits biologiques. » La coopérative communique sur chaque arrivage, « c’est de la pédagogie de donner le bilan carbone de nos produits. Nous avons commencé le transport à la voile dès le premier voyage. C’est Guillaume qui fait la liste de ce qu’il peut nous livrer en fonction de ce qu’il trouve. On s’accorde sur le volume ». Ce type de transport induit-il un surcoût ? « Pas réellement, car nous privilégions la qualité. Nous choisissons les produits que l’on ne trouve pas sur le marché local et nous y appliquons notre coefficient habituel. »

Retour à la cale ventrue du voilier bleu et noir. Les cartons, les boîtes de conserve, les sacs de sel, les filets de patates sont entassés, arrimés et Guillaume Legrand
se réjouit, liste en main, d’avoir chargé
en fonction du déchargement. Quelques cartons de tablettes de chocolat ont subi une avarie d’eau sans dommage pour la confiserie et Guillaume les offre au client avant de filer au port du Kernével où un autre voilier, l’Arawak, vient d’arriver avec du vin de Bordeaux destiné à la société TOWT (TransOceanic Wind Transport).
 
Avec plus de 90 % du volume des marchandises échangées, le transport maritime, clef de l’économie mondialisée, est le 4e pollueur au monde, dans l’indifférence générale. Mais pour Guillaume, l’idée de créer une entreprise de transport de marchandises à la voile s’est imposée comme une évidence face à la fin inéluctable de la société carbo- née. Ce Brestois de 32 ans, marin depuis son plus jeune âge, diplômé du master Énergie et environnement de Sciences Po, ne parle que de « propulsion vélique », « d’entrer dans la transition écologique par la porte des énergies » et « d’option technologique fiable et peu chère ».

Lisez la suite dans We Demain n°8

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