Partager la publication "À Langouët, village breton en guerre contre les pesticides"
Ce document interdit l’épandage de pesticides à moins de 150 mètres des habitations de cette petite commune de 602 habitants, à vingt minutes dans le nord de Rennes, dont il est maire depuis vingt ans. Et l’édile de 64 ans tient bon. Il est le premier en France à aller jusqu’en justice pour ce type d’action qui pallie, d’après lui, “une carence de l’État” en matière de santé publique.
“Je suis maire alors je n’ai pas le droit de pleurer”
Mais lui, invariablement, préfère mettre en avant son village, ses habitants ou les initiatives prises pour le soutenir. A 16 h 30 ce jour-là, cinq jeunes âgés de 11 à 15 ans arrivent à vélo dans le bourg. Ils pédalent depuis cinq jours d’Hennebont, dans le Morbihan, pour lui remettre le trophée Leaukaterre, du nom de leur association écologique.
“Cela me touche beaucoup”, sourit l’élu dans son costume bleu nuit. “Je suis maire alors je n’ai pas le droit de pleurer.” “Si, si !”, répond d’une seule voix la douzaine de personnes installée sous les pins en face de la mairie, grignotant des gâteaux et sirotant du jus de pomme bio. “C’est vraiment bien comme initiative, vous ne trouvez pas ?”, interroge Daniel Cueff en rentrant dans son bureau placardé de bois.
De la centrale de Plogoff au village breton
Déjà, le futur professeur en sciences de l’éducation se révolte contre une institution centralisée qui n’écoute pas, selon lui, le local. Mais sa vie n’est pas tracée pour la politique. Il y rentre par hasard en 1999, à 44 ans, alors qu’il s’occupe d’une association qui aide des enfants de la rue, en Pologne. Il constitue une liste qui remporte la mairie de Langouët.
Première action de son mandat : interdire toute utilisation de produits phytosanitaires dans les espaces verts communaux. La seconde : la rénovation de l’école, chauffée au bois, en imposant uniquement des matériaux écologiques.
Mettre l’écologie sociale au coeur de la politique
“Daniel dit souvent qu’il y a vingt ans, il était précurseur mais vingt ans après, il l’est encore… Or cela devrait être la norme !”, complète David Thomas, coordinateur de son comité de soutien qui s’est lancé en juillet, fédérant plus d’une centaine de collectifs, élus et associations dont la liste grandit jour après jour.
“Il met réellement en application l’écologie sociale.”
Zéro carbone d’ici quinze ans
“Il n’a pas peur de se mouiller”, sourit Jocelyne Perrier, l’une de ses adjointes, sur sa liste depuis le début. David Thomas confirme : “C’est quelqu’un d’entier qui ne fait pas de la politique pour se faire réélire.” Mais il arrive à rassembler autour de sa cause, autant dans sa commune que désormais partout en France. Plus de 600 personnes sont venues le soutenir devant le tribunal administratif ce jeudi 22 juillet. La décision est attendue pour la semaine du 26 août.