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Adapter les vignobles au changement climatique, le défi du Beaujolais

Après un été particulièrement sec et chaud, les rendements dans cette région devraient être réduits d’un quart. Alors que les vendanges ont commencé un mois en avance, chercheurs et scientifiques analysent les grappes pour trouver la plus adaptée au climat de demain.

Le 01/09/2015 par WeDemain
Après un été particulièrement sec et chaud, les rendements dans cette région devraient être réduits d'un quart. Alors que les vendanges ont commencé un mois en avance, chercheurs et scientifiques analysent les grappes pour trouver la plus adaptée au climat de demain.
Après un été particulièrement sec et chaud, les rendements dans cette région devraient être réduits d'un quart. Alors que les vendanges ont commencé un mois en avance, chercheurs et scientifiques analysent les grappes pour trouver la plus adaptée au climat de demain.

En deux ans, elle a avancé d’un mois : la date de début des vendanges, dans le Beaujolais se fait de plus en plus précoce. En cause, cette année tout particulièrement, la chaleur et la sécheresse estivale qui sévit dans cette région du centre-est de la France. Face au réchauffement climatique, et surtout depuis la canicule de 2003, les vignerons y cherchent des solutions pour trouver les variétés qui permettront de continuer à produire du vin dans de bonnes conditions.

Alors que les vendangeurs campent et que les tracteurs passent avec d’énormes caisses de raisin, des scientifiques déambulent sur une parcelle expérimentale, récoltent scrupuleusement et en petites quantités les grappes. Ils les pèsent, les trient par variétés. Et ils regardent lesquelles s’en sortent le mieux après cette année de sécheresse qui va réduire d’un quart les rendements dans la région. Leur objectif ? Analyser les effets du changement climatique sur la vigne.
 

“Celles qui ont des feuillages jaunes, à qui il manque des feuilles au pied du cep, celles qui ont des baies toutes flétries, on ne pourra pas les retenir“, explique Jean-Michel Desperrier, responsable de la collecte, en passant dans les rangs.

Une situation qui inquiète les viticulteurs. À l’avenir, les épisodes violents de sécheresse extrême ou de pluies violentes sont amenés à se multiplier. Et qui dit chaleur, dit augmentation du taux de sucre et donc d’alcool, une variable qu’un vigneron se doit de maîtriser. Même si le goût des consommateurs évolue dans le sens du climat, vers des vins moins acides.

La variété idéale pour le futur

Pour l’instant pourtant, “le réchauffement a plutôt des effets favorables sur les vignobles septentrionaux comme le nôtre. Il nous permet d’avoir un raisin avec plus de maturité et plus joli”, car moins exposé aux maladies dues à l’humidité comme le mildiou et l’oïdium, tempère Bertrand Chatelet, directeur du Sicarex, le centre de recherche des vignerons du Beaujolais.

Pour y faire face, plusieurs programmes de recherche sont menés en France et en Europe, comme le projet Laccave ou Adviclim. Ils étudient la variabilité des climats locaux afin d’apporter des solutions adaptées aux spécificités de chaque région viticole.

S’étendant sur 16 000 hectares, le Beaujolais est la principale région de culture du gamay. C’est même son cépage emblématique. L’idée est donc de trouver la variété de gamay idéale pour le futur : celle qui donne des rendements adaptés, qui n’est ni trop acide ni trop sucrée, à la fois résistante à la sécheresse et aux trombes d’eau.

Pour cela, il faut un raisin à grosses baies, avec une peau épaisse, des grappes aérées qui laissent passer le vent pour lutter contre la pourriture. D’autant qu’une peau épaisse donne du tannin, donc de la couleur. “Tout ce qu’on recherche”, explique le vigneron Jean-Michel Desperrier.

Changer de cépage

Pour l’heure, les chercheurs n’ont pas encore trouvé la perle rare parmi les gamay. Ils sont pourtant allés partout en France pour faire des hybridations. La piste la plus sérieuse vient de Pully, en Suisse, et concerne le gamaret, une variété issue d’un cépage allemand, le Reichensteiner. “Mais il a aussi un parent gamay”, s’empresse d’insister Bertrand Chatelet. 

Toute la difficulté est là. Changer de cépage est une “option envisageable pour des vins d’assemblage” comme dans le Bordelais, “mais demandez à un Bourguignon qui travaille uniquement avec du pinot noir de changer son cépage et là ce sera autre chose”, analyse le chercheur Hervé Quénol, spécialiste du réchauffement climatique. Il faut être clair, souligne-t-il :
 

“La question n’est pas ‘y aura-t-il encore de la vigne en France en 2050 ?’ La vraie préoccupation, c’est de savoir si on va réussir à faire un vin avec les mêmes caractéristiques en évitant de changer les cépages et la localisation des vignobles”.

Ailleurs dans le monde, en revanche, certains vignobles sont bel et bien menacés. “La viticulture est déjà compliquée en Afrique du Nord. Et en Argentine, à Mendoza, où elle est totalement dépendante de l’irrigation”, la fonte des glaciers constitue un problème majeur, souligne Hervé Quénol : “S’il n’y a plus d’eau, il n’y aura plus de vigne”.

Le climat de demain

En fin de matinée, la récolte du jour est terminée. Les chercheurs rentrent au Château de l’Eclair à Liergues et la déchargent dans des cuves en modèle réduit. Certains échantillons partiront au laboratoire de l’Institut français de la vigne et du vin à quelques kilomètres de là pour une analyse sous toutes les coutures : acidité, taux de sucre, PH…

La majorité des grappes sera vinifiée, chaque variété à part, afin de comparer laquelle donnera le meilleur vin. Mais surtout, laquelle sera la plus adaptée au climat de demain.

Lara Charmeil (avec AFP)
Journaliste à We Demain
@LaraCharmeil
 
 

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