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Après l’essor du coworking, voici venu le bureau en plein air

L’entreprise est l’un des lieux avec le plus grand risque de contamination au Covid-19. En France, un cluster sur cinq se forme sur des lieux de travail. Rien d’étonnant à cela : les open-spaces brassent chaque jour plusieurs personnes dans des espaces clos, souvent mal ventilés, où le virus circule donc très facilement.

Comment réduire ce risque ? Certaines sociétés envisagent d’imposer le port obligatoire du masque à tous leurs salariés, tandis que d’autres encouragent le télétravail généralisé jusqu’à la rentrée, voire la fin de l’année. Une troisième voie, jusque là peu explorée, permettrait de concilier l’activité professionnelle avec la perspective d’une menace épidémique durable : celle du travail en extérieur.

Les locaux de Facebook en Californie se sont dotés en 2018 d’un toit-jardin de plus de 14 500 m2 comprenant plus de 200 arbres. (Crédit : Facebook)

Le travail en plein air a un effet bénéfique sur la concentration et l’état de santé général, pointait en 2010 une étude du Harvard Health Publishing. Une autre étude menée en 2011 par l’université de l’Oregon révélait même que les salariés bénéficiant d’un environnement de travail en lumière naturelle et connecté à la nature prenaient moins de congés maladie.

Ce qui pouvait s’apparenter à une lubie de créatifs est en train de s’imposer à l’ensemble des entreprises pour des raisons purement hygiéniques. Le risque de contracter le SARS-CoV-2 est bien plus élevé en milieu clos qu’en extérieur. La question se pose également dans le milieu éducatif. Un collectif de chercheurs, enseignants, formateurs et acteurs associatifs proposait, dans une tribune publiée en avril dans le journal Le Monde, de “faire la classe dehors”. “L’école dans la nature n’est pas seulement une parade au confinement, mais un mode d’apprentissage à part entière”, appuyait récemment notre journaliste Armelle Oger sur France Inter.

Open space avec vue sur les champs

Les espaces de travail ouverts et éphémères se multiplient depuis quelques années. Dès 2016, la firme américaine Peterson Cos imagine l’Outbox, un tiers-lieu 100 % extérieur doté de bureaux, prises électriques et Wifi installé dans la commune de Silver Spring (non loin de Washington).

Deux ans plus tard, l’entreprise L.L.Bean lance, en partenariat avec la chaîne de flex office Industrious, son coworking de plein air. Le dispositif, réservable en amont par des entreprises ou des groupes de travail, fait le tour des parcs de la côte Est des États-Unis pendant l’été 2018.

Plus récemment, la start-up allemande Outside Society propose à la location un box de 34 mètres carrés aux entreprises souhaitant organiser des sessions de travail en extérieur. Une “boîte” aux larges baies vitrées pivotables, dotée du WiFi, d’écrans, d’une machine à café et même d’un petit frigo, installée au milieu des paysages bucoliques du Lichterfelde, et alimentée en électricité grâce à des panneaux solaires installés sur le toit.

Même par temps très nuageux, les cellules [solaires] peuvent encore fournir environ 20 % d’énergie aux appareils“, indique Marc Schwabedissen, un de ses co-fondateurs, au Berliner Zeitung.  Comptez tout de même 5 000 euros pour la réserver à la journée…

Jardins suspendus et étage en plein air

Il n’est pas toujours possible de déplacer son lieu de travail au milieu des champs. Les bureaux de centre-ville se dotent également de terrasses, parfois gigantesques, pour accueillir leurs salariés. À Chicago, le Fulton East, qui se présente comme le premier “environnement commercial post-COVID-19” du pays, incluera sur chaque niveau de grands balcons d’environ 22 mètres carrés, ainsi qu’un toit-jardin de 743 mètres carrés.

Toujours à Chicago, le 330 North Green Street, un immeuble de bureau prévu pour 2021, prévoit un espace en plein air s’étendant sur l’équivalent de cinq étages entiers, qui pourra être refermé pendant l’hiver grâce à des portes rétractables.

Le 330 North Green Street sera grand ouvert sur toute une partie de sa façade sud. (Crédit : SOM)

Bien que séduisante, la tendance devra remporter plusieurs défis avant de réussir à s’imposer.  Les espaces de travail extérieur dépendent de la météo locale. Ils doivent donc développer des solutions pour rester accueillant aussi bien en hiver qu’en été, en protégeant les collaborateurs du soleil, de la pluie et du vent. Ceux installés en plein nature doivent également garantir l’autonomie électrique de leurs équipements, ainsi que l’accès à des infrastructures d’hygiène, entraînant des coûts d’installation et d’entretien importants. 

La pandémie a néanmoins transformé nos attentes vis-à-vis de notre environnement de travail, assure l’un des membres du cabinet d’architecture SOM, qui a conçu le 330 North Green Street, auprès du Chicago Mag. Le designer cite le cas d’un projet à Wuhan, en Chine, où le client a demandé à ajouter des terrasses et jardins suspendus aux futurs immeubles. “Le bureau comme boîte en verre hermétique est la norme depuis un moment”, ajoute-t-il. “Mais c’est en train de changer, car les entreprises accordent plus d’importance à la question du bien-être.

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