Aux Pays-Bas, cette machine produit de l’eau potable grâce à l’air et au soleil

Dans le patio du musée Beelden aan Zee, à La Haye (Pays-Bas), s’élève depuis mi-avril une sculpture en cèdre rouge de 2,5 mètres de haut. Si elle n’attire pas forcément le regard du visiteur, il en va autrement quand elle se réveille. Toutes les vingt minutes, quand le soleil brille et une fois par heure quand le ciel est nuageux, elle éclabousse l’assistance d’un jet d’eau. 

La sculpture baptisée SunGlacier DC01 a été imaginée par l’artiste néerlandais Ap Verheggen. Elle héberge dans son socle un petit boîtier métallique abritant un condenseur, qui fonctionne grâce à des panneaux solaires disposés autour de la sculpture. 

Au-delà de l’esthétique, sa fonction est de fournir une alternative à l’utilisation d’énergies fossiles pour la production d’eau potable à l’heure où, d’après l’OMS, 3,5 milliards d’humains ont encore un accès insuffisant à l’eau. Le tout grâce à un procédé qui utilise l’énergie solaire pour condenser l’humidité contenue dans l’air. Cette dernière gèle, puis dégèle lentement et passe à travers un filtre : le résultat est expulsé régulièrement de la sculpture.

Pour y parvenir, Ap Verheggen a travaillé pendant quatre ans à la tête d’une équipe d’experts des méthodes de refroidissement de la société SunGlacier. Ensemble, ils ont développé un dispositif qui fonctionne bien aux Pays-Bas, mais qui fonctionnerait encore mieux dans un environnement désertique, selon l’artiste. Dans ces zones chaudes, pour la plupart subtropicales ou tropicales, l’énergie solaire peut être plus facilement exploitée et la chaleur accélère le processus de condensation.

La quantité de l’eau dans l’air

Interrogé par le New York Times, Ap Verheggen explique que le facteur le plus important pour faire fonctionner le dispositif est “la quantité d’eau dans l’air”, car plus la température est élevée, plus l’air retient l’eau avant qu’il ne se mette à pleuvoir. En d’autres termes, plus il fait chaud, plus SunGlacier DC1 peut extraire de l’eau directement de l’air.

Pas de pessimisme qui vaille quant à l’avenir

Bonne nouvelle pour les habitants du monde qui manquent le plus d’eau potable : quand l’équipe de l’artiste a comparé une journée humide de printemps aux Pays-Bas à une journée chaude et sèche dans une région désertique, elle a pu vérifier que l’air y contenait jusqu’à quatre fois plus d’eau.

“Pour autant que je sache, c’est la première fois que quelqu’un produit de l’eau en utilisant l’air, et ce, grâce à l’énergie du soleil”, s’enthousiasme l’artiste, qui dit n’entrevoir “aucune raison d’être pessimiste quant à l’avenir”. Avec ses projets artistiques, Ap Verheggen espère “montrer aux gens qu’il y a des solutions”, surtout quand on “franchit les frontières entre science et art”, son grand dada.

Un cube à eau duplicable à travers le monde

SunGlacier DC01 produit uniquement une tasse d’eau à chaque cycle, mais l’artiste le voit surtout comme une source d’inspiration pour les chercheurs et scientifiques du monde entier.
 

“Ap Verheggen estime que nous sommes capables de nous adapter aux conséquences du changement climatique, confirme Naomi Timmer, employée de SunGlacier à We Demain.

Portés par l’engouement de l’exposition de SunGlacier DC01 au musée de La Haye, nous sommes parvenus à créer un dispositif capable de produire encore plus d’eau : le Watercube (cube à eau)”.

Avec ce cube à eau, l’équipe qui entoure l’artiste espère avoir créé un premier prototype duplicable à plus grande échelle. La machine, qui nécessite une maintenance minimale, est “facile à construire” et “à nettoyer“. Elle pourrait, ils l’espèrent, leur permettre de lever les fonds nécessaires pour en lancer de nombreuses autres.

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