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Belgique : un vieil immeuble mal isolé devient le must de l’habitat écolo

« Zéro pollution, 100 % recyclage ». À Genval, Belgique un immeuble des années 1990 vient d’être réhabilité selon les standards du Cradle to cradle (C2C), le plus drastique des labels environnementaux applicable aux bâtiments et produits de consommation.

Le 12/11/2014 par WeDemain
Photo de l'immeuble. Crédit photo © D.R.
Photo de l'immeuble. Crédit photo © D.R.

« Rien ne se perd, tout se transforme ». La devise de Lavoisier s’applique aujourd’hui au secteur du bâtiment. À Genval, en Belgique, l’immeuble Mazerin est réhabilité depuis avril 2014 selon les principes du « cradle to cradle » ou C2C (littéralement du berceau au berceau) : tous les matériaux servant à sa rénovation sont soit récupérés sur place, soit issus des filières du recyclage. Objectif : faire de cet immeuble des années 1990, autrefois très énergivore, un modèle d’excellence environnementale et de sobriété énergétique.

Le label d’économie circulaire le plus exigeant

Théorisé dans les années 1980 par le chimiste allemand Michael Braungart et l’architecte américain William McDonough, le C2C impose de ne jamais jeter un produit, en réutilisant tous les matériaux qui le composent. Finie la production linéaire classique partant de l’usine pour finir à la décharge : chaque déchet doit être considéré comme une ressource future.

Officialisé en 2002, le label C2C impose ainsi de maitriser la toxicité des produits, de revoir leur conception et de mettre en place des filières de recyclage spécifiques. A ce jour, une cinquantaine d’industriels et trois cents produits ont reçu la certification. DIM, pour certains de ses collants, Steelcase (mobilier de bureau) et Tarkett (revêtements de sol) font partie des rares entreprises françaises à s’être lancées dans la démarche.

« On a essayé de ne rien jeter »

« Nous avons été très vite séduits par l’idée d’opter pour une rénovation novatrice inspirée par la démarche cradle to cradle, explique Pierre Boucher, président de l’IBW (l’Intercommunale du Brabant Wallon), l’un des deux propriétaires de l’édifice. Dans ce cas-ci, il s’agit de la première transposition de cette démarche à la rénovation complète d’un bâtiment. ».

Cloisons, faux plafonds, faux planchers, dalles de tapis, fils et prises électriques…«Tous les matériaux ont été soit récupérés et réutilisés dans le bâtiment, soit sélectionnés car ils respectaient le label cradle to cradle, explique Sebastien Cruyt, architecte chez Synergy International, le cabinet d’architecte qui a pensé cette rénovation. On a essayé de ne rien jeter, de ne pas avoir de mise en décharge. » Seule la tuyauterie de chauffage, en trop mauvais état, n’a pas été récupérée. Pour améliorer le confort des futurs utilisateurs, une moquette purificatrice d’air et un éclairage artificiel favorisant la luminothérapie ont par ailleurs été mis en place.

Il a également fallu développer un nouveau type d’isolation. « Pour la première fois, nous avons utilisé une membrane végétale en pose verticale, à l’intérieur du logement. Combinée à un panneau fait de déchets de bouchons de lièges broyés puis chauffés, nous avons obtenu un matériau d’isolation 100 % naturel, résistant à l’eau et insensible aux variations de température et très résistant », raconte Francis Blake administrateur de l’entreprise Derbigum, chargée du volet isolation. La consommation énergétique de l’immeuble devrait ainsi passer de 255 kWh par an et par mètre carré à 66 kWh/m² par an, rendant le Mazerin quasi passif sur le plan énergétique. Le cout global de la rénovation du bâtiment s’élève à 800 euros par m2.
 

La rénovation a enfin été pensée de manière à offrir une troisième vie au Mazerin. « Tous les travaux sont conçus pour qu’ils puissent être réversibles. Qui connait l’avenir du lieu ? Dans vingt ans, il pourrait bien être transformé en logement », explique Steven Beckers, de Lateral Thinking Factory, l’autre agence à l’origine du projet. Ces bureaux « zéro pollution et 100 % recyclage » devrait être prêts début 2015. De quoi inspirer le secteur du bâtiment, qui produit quelques 50 millions de tonnes de déchets par an en France, soit le poids de 10 millions d’éléphants !

Thomas Masson
Journaliste We Demain
Twitter : @Alter_Egaux

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