Brésil : la déforestation amazonienne bondit de 278 % en juillet

Climatosceptique assumé, le président brésilien Jair Bolsonaro aura-t-il raison du “poumon vert” de la planète ?

C’est le scénario annoncé par l’Institut national de recherche spatiale brésilien (INPE), en charge de mesurer le déboisement de la forêt amazonienne abritée à 60 % par le Brésil.

En s’appuyant sur un système de détection en temps réel appelé DETER, l’organisme pointe une déforestation exponentielle : 2 254 kilomètres carrés ont été arrachés à la plus vaste forêt du monde en juillet 2019, contre 596,6 kilomètres en juillet 2018.

Elle a donc été multiplié par quatre (+ 278 %), une augmentation qui fait suite à celles déjà observées en mai (+ 34 %) et en juin (+ 88 %) par rapport aux mêmes mois l’an passé.

Des données que le président brésilien aurait aimé garder pour lui : après leur parution, ce dernier a limogé le directeur de l’INPE, Ricardo Galvao, en l’accusant de fournir des chiffres “mensongers” pour “faire le jeu des ONG“.

Biodiversité en danger

Le président brésilien semble n’avoir que faire des 1 300 espèces d’oiseaux, 3 000 espèces aquatiques et 40 000 espèces végétales qui peuplent l’Amazonie.
 
Ni du rôle que joue ce “puits de carbone” face au réchauffement climatique  : à eux seuls, les arbres amazoniens captureraient près de 10 % du CO2 absorbé par les écosystèmes terrestres.

Le gouvernement Bolsonaro a d’autres priorités. Après avoir démantelé les organismes chargés de protéger l’environnement, le président – soutenu par Tereza Cristina, la ministre de l’Agriculture surnommée “la muse des pesticides”  – a largement augmenté l’usage des produits phytosanitaires;

Le “Trump des tropiques” a par ailleurs nommé Ricardo de Aquino Salles ministre de l’Environnement, un avocat proche du secteur agroalimentaire, principal responsable de la déforestation brésilienne.

L’Union Européenne, complice ?

Plusieurs pays ont manifesté leur désaccord avec cette politique. C’est notamment le cas de l’Allemagne, où la ministre de l’Environnement a déclaré le 10 août vouloir bloquer 35 millions d’euros destinés à la conservation des forêts et de la biodiversité brésilienne. Une piste que d’autres pays envisagent, comme la Norvège.

D’autres pointent aussi du doigt l’accord de libre-échange prévu entre l’UE et le Mercosur (Brésil, l’Argentine, l’Uruguay et Paraguay). Ce dernier prévoit d’importer 180 000 tonnes de sucre, 100 000 tonnes de volailles et jusqu’à 99 000 tonnes de bœuf par an sur le territoire européen, des exportations qui risquent d’être bourrées de pesticides, et d’accroître encore un peu plus la déforestation.
 

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