Californie : face à la pénurie d’eau, des « water cops » chassent le gaspi

Pelouses impeccables et piscines bleues turquoise. Une image de la Californie qui s’effrite littéralement, laissant place à celle des romans de Steinbeck, sèche et aride. Selon le National Oceanic and Athmospheric Administration, la Californie traverse la pire sécheresse depuis 1895. La faute aux pluies inexistantes depuis maintenant trois ans, à une agriculture intensive (80% de la consommation d’eau) et à un mode de vie inadapté pour l’État le plus peuplé des États-Unis (38 millions de personnes). Pour endiguer la consommation excessive d’eau, la chasse aux comportements irresponsables est ouverte. Une police spéciale surveille désormais les comportements des habitants des grandes villes. Et une police citoyenne signale les comportements suspects sur les réseaux sociaux.

Une police sans menottes ni armes

Un nouveau type de détective arpente les rues de Los Angeles, à l’affût d’indices un peu curieux : des flaques d’eau suspectes, un trottoir humide, une pelouse un peu trop verte. Armée d’appareils photo, cette police de l’eau, traquent la moindre trace d’humidité, qui devient une preuve. Ces water cops circulent dans les quartiers résidentiels pour contrôler l’utilisation de l’ « or bleu » : comment, quand et surtout combien. Sans armes ni menottes, ces policiers veulent d’abord sensibiliser et responsabiliser les citadins qui ne voient pas les champs stériles et les sols craquelés auxquels sont confrontés les agriculteurs. L’occasion de leur rappeler, par exemple, qu’une machine à laver la vaisselle consomme en moyenne quatre fois moins d’eau que le lavage à la main.

500$ d’amende

Ces water cops appliquent les mesures prises par le gouverneur de l’Etat, Jerry Brown, au début de l’été : arrosage du jardin trois fois maximum par semaine pendant les jours autorisés, interdiction de laver sa voiture ou le trottoir devant sa porte. L’amende peut s’élever à 500 $. La police de l’eau a même menacé d’amende les Californiens qui céderaient à l’appel du dernier phénomène à la mode : le Ice Bucket Challenge, qui consiste à se renverser un seau d’eau et de glaçons sur la tête. Le Washington Post estime que 19 millions de litres d’eau auraient été gâchés pour ce défi en vogue.

Un hashtag sans pitié

Mais il n’y pas que la police qui veille. Véritable phénomène du mois de juillet, le « drought shaming » consiste à prendre en photo les infractions de ses voisins. Sauf que contrairement à celle des water cops, ces photos ne n’ont pas de valeur juridique. Publiés sur les réseaux sociaux provoquant des réactions (parfois violentes), elles visent en revanche à jeter l’opprobre sur les contrevenants. Un hashtag spécial (#droughtshaming) a été crée pour épingler les comportements qui gaspillent l’eau. Des applications permettent de géolocaliser les infractions (H20 Tracker, Vizsafe). La nouvelle cible des internautes : un parc aquatique Slip’n’slide en construction à Los Angeles, qui devrait consommer l’équivalent de 60 000 litres d’eau chaque jour. Une pétition a déjà rassemblé plus de 10 000 signatures. Les réactions sont parfois si virulentes que les autorités s’en inquiètent. Elles invitent les Californiens à revenir à leur bon vieux téléphone et à composer le numéro d’une hotline plutôt que d’utiliser le hashtag vengeur. 

Laura Cuissard
Journaliste
@faisonsenvie

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