Partager la publication "Céline Cousteau sur les traces de son grand-père"
We Demain : Comment est né ce projet de documentaire ?
Céline Cousteau : Je réalise des documentaires depuis douze ans, aux Etats-Unis où j’habitais jusqu’ici, et j’avais envie depuis longtemps de raconter de belles histoires, de sanctifier les héros et les guerriers qui se battent pour la planète, pas seulement de montrer des choses négatives. Au fil de ce film, nous avons rencontré des militants ou des scientifiques qui font leur travail même quand les caméras ne sont pas là, ce qui est très motivant.
Comment votre famille vous a-t-elle influencée ?
J’ai fait des études de psychologie, mais toute ma famille a forgé mon regard. Mon grand-père bien sûr, ma grand-mère, moins médiatisée, qui était pourtant de toutes les expéditions, mon père, explorateur, et ma mère qui est photographe… Ils m’ont transmis une curiosité, une soif de comprendre la place que les hommes occupent sur terre.
Qu’est ce qui vous a le plus marqué au cours de ce film ?
Traverser la Patagonie par les fjords, de l’île de Chiloé vers le Sud, a été une inexpérience inoubliable, j’aurais pu y rester des semaines. Ces sont des territoires encore très isolés, qui semblent presque vierges. Au fil du documentaire, nous découvrons des espèces qui ne sont pas encore référencées. Il reste encore beaucoup de choses à découvrir sur les coraux, sur les baleines bleues… Je me suis sentie très privilégiée d’avoir encore accès à ces paysages extraordinaires, et je voulais les partager avec le public. Car, comme le disait mon grand-père, “on ne protège que ce que l’on aime”.
Au sein des baleines à bosse, une de ses espèces fétiches, l’évolution est positive. La protection de leur territoire leur a permis de se reproduire. Cela donne de l’espoir et montre qu’il est possible d’agir. Dans le même temps, nous avons rencontré le dernier chef des indiens kawashkars, une tribu de nomades des mers, dont la culture est toujours plus menacée. Mais l’idée n’est pas de tomber dans le catastrophisme qui peut donner l’impression aux gens qu’il n’y a plus rien à faire. L’idée est plutôt d’encourager à l’action, en montrant que de petits gestes peuvent avoir un impact.
A posteriori, certaines expéditions de votre grand-père ont été critiquées d’un point de vue environnemental, du fait de l’usage de dynamite pour recenser des espèces par exemple… Comment avez-vous préparé votre voyage?
C’était une autre époque, la conscience de la fragilité de l’environnement n’était pas du tout la même il y a 50 ans. On ne peut pas juger ce travail en dehors de son contexte. Il n’y a pas de pionniers sans erreur. Aujourd’hui, évidemment, nous sommes très attentifs, le tournage s’est fait avec les conseils constants et en compagnie de scientifiques, d’anthropologues…
Quel message souhaitez-vous passer au moment où s’ouvre la COP 24 ?
Il est dur de voir les chefs d’Etat se réunir avec si peu de résultats sur le climat pour l’instant. C’est un peu désespérant. Mais je suis engagée depuis des années auprès d’indiens d’Amazonie, qui me disent “on se bat depuis le XVIIIe siècle et on ne va pas s’arrêter maintenant, nous nous battrons jusqu’au bout”. Suivons leur exemple !
Quels sont vos prochains projets?
Si ce documentaire touche le public, nous espérons en tourner d’autres ailleurs, et faire une série. J’ai aussi un travail documentaire personnel au long cours sur les indiens autochtones Vale do Javari, à l’ouest de l’Amazonie, qui s’accompagne d’une action plus concrète et militante. Bref, l’aventure continue !
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