Partager la publication "Chine : une « grande muraille verte » pour sauver l’Asie"
Il est urgent pour la Chine et ses voisins de freiner l’hémorragie. Chaque année, quelque 3 600 km2 de prairies seraient grignotées en Chine par l’extension des zones arides. En plus de réduire la surface les terres cultivables, le phénomène contribue à la formation de « tempêtes de sable jaune » géantes, qui rejettent de grandes quantités de sable, de poussière et de pollution jusqu’en Corée et au Japon. Elle favorise également les inondations massives, comme celle du fleuve Bleu en 1998. Pour aider la Chine à s’attaquer aux racines de ces phénomènes, de nombreux volontaires sud-coréens, comme ceux de l’ONG Future Forest, viennent participer aux plantations.
2,5 fois plus d’arbres que le reste du monde
Et ça fonctionne : quelques 56 milliards d’arbres auraient ainsi été semés, essentiellement par des particuliers, durant les dix dernières années, selon les statistiques officielles du gouvernement. La Banque Mondiale, elle, affirme que la Chine serait aujourd’hui l’un des seuls pays au monde à augmenter la taille de ses forêts. Elles seraient passées de 16 % à 20 % du territoire depuis le lancement du programme. « La Chine plante 2,5 fois plus d’arbres chaque année que l’ensemble du reste du monde », a affirmé le prix Nobel de la paix Al Gore, connu pour son engagement contre le changement climatique.
Coups de pelle et coup de com’
Si l’objectif affiché de cette course à la reforestation est de contrebalancer les importantes quantités de gaz carboniques provoquées par le boom de l’économie chinoise, il s’agit aussi de mettre en scène la volonté écologiste du premier pollueur du monde, alors que les niveaux de pollution alarmants des mégalopoles inquiètent de plus en plus la population. Chaque printemps, rapporte le Guardian, trois millions de membres du Parti communiste Chinois et d’employés modèles paradent à travers le pays pour y planter des arbres. En avril 2010, c’est deux millions de Chinois qui auraient accompagnés le président Hu Jintao à Pékin, pour le 26e plan volontaire de reforestation de la ville.
En revanche, force est de reconnaître que le programme parvient à ralentir la désertification. Les résultats obtenus seraient impressionnants, selon Luc Gnacadja, secrétaire exécutif de des Nations-Unies contre la désertification (UNCCD). Un projet de grande muraille verte est également étudié par l’Union Africaine pour faire face à l’extension du désert du Sahara.