[Chronique] L’histoire du climat se trouve dans un glaçon

En 1965, Claude Lorius est un jeune scientifique de 33 ans en mission en Terre Adélie. Les conditions sur la base de cette terre australe antarctique où flotte le pavillon français sont très rudes. Au terme d’une journée particulièrement difficile Claude Lorius s’octroie une compensation : un verre de whisky, il se sert, cherche un glaçon et n’en trouvant pas en prélève un dans la glace voisine.
 
Il savoure le breuvage réconfortant, et en observant le verre, est intrigué par les bulles d’air prisonnières de la glace. De cette anecdote, de l’analyse de ce glaçon anonyme vieux de plusieurs milliers d’années naîtront les secrets de l’histoire du climat.
 
Ces bulles d’air qui peu à peu livrent leur message ont l’âge de la glace qui les emprisonne. En les analysant on connaîtra la composition de l’atmosphère à l’époque où elles ont été piégées. Ces bulles, véritables archives de notre climat, permettent de tracer la teneur en gaz à effet de serre dans l’atmosphère au cours des siècles.
 
Après Le Renard et l’enfant, La Marche de l’Empereur, Ainsi naquit une forêt, viendra La Glace et le ciel. Le prochain film de Luc Jacquet sera consacré à Claude Lorius.  

Luc Jacquet est formel : “Claude Lorius est l’un des scientifiques français les plus éminents et l’un des rares à être entré dans les livres d’histoire de son vivant.” Et pour cause, il a été le premier à prouver la part de l’activité humaine dans les bouleversements climatiques qu’étudie le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).
 
Mais depuis 1965 depuis que reste-t-il de ces découvertes, de ces prophéties ? À 82 ans, Claude Lorius refuse de désespérer. “Je commence à avoir espoir. Je crois que l’homme va se redresser. L’homme va trouver la solidarité qui mènera les gens qui vivent sur cette planète vers un autre type de comportement.”

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