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Comment le réseau d’écoles ETRE forme les décrocheurs aux métiers de la transition écologique

En 2021, 160 jeunes bénéficiaient d’un accompagnement et d’une formation grâce au réseau ETRE (École de la TRansition Écologique). En 2023, la promotion comptait 780 personnes. Autant de filles que de garçons, entre 16-25 ans, qui sont sortis du système scolaire sans formation et sans diplôme en quête d’un projet professionnel manuel à vocation écologique. Chaque année en France, quelque 100 000 jeunes sortent du système scolaire avant le bac, parfois même sans brevet. 

La plupart d’entre eux sont des NEET (Not in Education, Employment or Training), c’est-à-dire des jeunes qui ne sont ni à l’école, ni employés, ni en stage. “Ce sont pour la plupart des décrocheurs, des jeunes déscolarisés qui se sentent parfois sur la touche depuis une dizaine d’années, détaille Frédérick Mathis, cofondateur de ETRE. Donc ce sont des jeunes qui n’ont plus confiance en eux, dans les autres, dans les institutions et dans l’avenir. Nous leur proposons un moyen de rebondir.”

Frédérick Mathis, cofondateur du réseau d’écoles ETRE, engagé dans la formation aux métiers de la transition écologique. Crédit : ETRE.

1 million d’emplois dans l’environnement créés d’ici 2050

Fondé il y a sept ans, le réseau compte 26 écoles réparties un peu partout en France et certifie huit à dix nouveaux établissements par an. Objectif : mailler tout le territoire avec une école ETRE par département. À l’instar de la toute première école, installée dans un village non loin de Toulouse, elles se situent en zone péri-rurale. Avec quelques exceptions toutefois, puisqu’un établissement se situe dans le Ve arrondissement de Paris, un autre en plein cœur de Nantes ou encore à Marseille.

1 million de nouveaux emplois sont nécessaires d’ici 2050 pour assurer la transition écologique, selon l’ADEME. À ETRE, nous voulons profiter de ce besoin pour créer une dynamique auprès de ces jeunes”, souligne Frédérick Mathis. Mais comment les motiver à se former à la transition écologique, surtout quand ils vivent dans des situations précaires ? “On nous oppose souvent fin du mois contre fin du monde. Mais nous croyons qu’il est possible de lier les deux. Et en les formant à des métiers qui font sens, on lutte aussi contre la fin du ‘moi'”.

À Marseille, ces jeunes se forment à l’éco-habitat. Ici, elles fabriquent des briques écologiques. Crédit : ETRE.

Remobiliser puis former à des emplois très demandés

“Nous leur proposons une formation diplômante après une phase de remobilisation puis une période d’orientation où ils vont découvrir différents métiers afin d’en choisir un qui leur plaît. Dès la première heure du premier jour de leur arrivée, ils se retrouvent avec un outil entre les mains en train de fabriquer quelque chose. C’est important d’être tout de suite dans le faire.” Pendant trois semaines en moyenne, l’école ETRE s’emploie à les remobiliser. “Depuis 13 ans, avec nos écoles, nous avons construit la pédagogie adaptée au fil du temps, en collaboration avec les jeunes. C’est une démarche très pragmatique mais qui fonctionne et donne ses fruits.”

Ils retrouvent un cadre, ils reprennent un peu confiance. Puis vient la phase où ils vont définir leur projet professionnel. Ils découvrent différents métiers, en agroforesterie, en maraîchage, dans les panneaux photovoltaïques, dans l’écoconstruction ou encore l’économie circulaire.” En fonction des choix que ces jeunes font pour leur avenir, ils peuvent parfois être amenés à intégrer une autre école du réseau, avec la spécialité qui leur convient. Par exemple, à Talmont (Vendée), ETRE forme au titre professionnel “Éco-constructeur ossature bois”, à Corbières, dans l’Aude, c’est l’agroforesterie qui est privilégiée, etc. Les formations durent en moyenne un an.

Formation à l’agriculture urbaine à ETRE Paris. Crédit : ETRE.

Moins de 10 % d’abandon à l’école de la transition écologique

“Le taux d’abandon est très faible, moins de 10 %. Et 89 % ont ce qu’on appelle ‘une sortie dynamique’, c’est-à-dire qu’ils ont un projet professionnel concret dès la sortie de l’école. Les formations que nous proposons sont très recherchées car les marchés sont en tension”, indique Frédérick Mathis. Et près de 80 % de celles et ceux qui suivent ces formations intègrent la vie active une fois leur diplôme en poche. D’autres vont compléter leur formation ailleurs, faire un stage ou s’engager dans le volontariat.

“Il n’y a pas de transition écologique sans formation mais nous ne voulons pas créer des ouvriers 2.0. Nous voulons former des jeunes à des emplois qui aient du sens et qu’ils intègrent des entreprises qui mettent en place des conditions de travail décentes. La plupart de ces métiers sont pénibles, il faut aussi que les entreprises se posent les bonnes questions pour rendre ces emplois attractifs.”

ETRE, à Lahage (Haute-Garonne), forme aux métiers du bois. Crédit : Zélia Mézailles / ETRE.

ETRE : des formations gratuites, des jeunes rémunérés

Recrutés sur dossier et entretien, les jeunes intègrent gratuitement une école ETRE. Le financement provient pour moitié des régions et entreprises via la taxe d’apprentissage et pour le reste du financement public pour les formations professionnelles. “Les jeunes reçoivent un salaire d’environ 500 euros par mois en tant que stagiaire de la formation pro. Certaines régions amendent ce montant. Par exemple, en Occitanie, un revenu écologie jeune permet un salaire de 1000 euros environ.”

Et pour la suite ? Outre le développement de nouvelles écoles certifiées en France, le réseau ETRE a des envies de répliquer son modèle ailleurs en Europe. Une réflexion est actuellement menée en Belgique et en Grèce. “Nous aimerions créer une coalition pour accompagner la transition écologique un peu partout dans l’Union européenne”, conclut Frédérick Mathis.

Dans le lot, l’école ETRE forme des électriciens à l’entretien des panneaux photovoltaïques. Crédit : Zélia Mézailles / ETRE.

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