Partager la publication "Comment Paris compte s’adapter au réchauffement climatique"
Avec de nombreux îlots de chaleur à travers toute la capitale et la première place dans le classement européen des villes les plus vulnérables aux températures extrêmes, Paris doit réagir. Et vite. Face au dérèglement climatique, la cité se retrouve particulièrement démunie. Ses toits en zinc et sa couverture arborée minimale font que Paris n’a pas été construite pour supporter la nouvelle ère de chaleurs extrêmes qui s’annonce.
Mais la capitale a commencé à réfléchir à des changements profonds. Comme de nombreuses villes de part le monde, elle cherche des moyens pour s’adapter à la hausse des températures. Et cela passe notamment par des couverts végétaux sur les toits, des trottoirs et zones piétonnes repensées et à la plantation d’arbres par millions.
Au cours de la vague de chaleur d’août 2003, le risque de décès a augmenté de 124 % chez les personnes de 65 ans et plus. Durant près de quinze jours, les températures étaient en moyen de 35 °C en journée et grimpaient parfois jusqu’à 40 °C. Et les températures descendaient peu la nuit. En moins de deux semaines, quelque 15 000 personnes sont mortes de cet épisode caniculaire, dont environ 1 000 cas répertoriés à Paris intra-muros. La plupart d’entre eux vivaient seuls, dans des étages élevés, voir juste sous les toits en zinc.
Et on peut craindre que les vagues de chaleur qui se multiplient n’incitent les habitants à se doter de pompes à chaleur et autres climatiseurs pour parer les effets de ces hausses de températures. Las, on entrerait ici dans un cercle vicieux. En effet, une généralisation de la climatisation dans la capitale pourrait mener à une augmentation de la température extérieure de 2 °C, selon une étude publiée dans la revue International Journal of Climatology.
La ville de Paris a pris différentes mesures pour s’adapter aux vagues de chaleur et s’efforcer que la cité ne devienne pas, avec le temps, un piège mortel pour ses citoyens. Parmi elles, les cinq principales sont les suivantes :
De novembre 2022 à mars 2023, 25 000 arbres ont été plantés en six mois à Paris. Mais, pour une bonne partie, il s’agissait de jeunes plants. Cela explique pourquoi le “verdissement” de Paris est encore très peu visible. Et il reste encore à savoir combien d’entre eux survivront dans le temps… Mais la Ville de Paris a prévu de continuer sur cette lancée. Au total, sur le second mandat d’Anne Hidalgo, c’est un total de 170 000 arbres qui seront plantés d’ici 2026.
Paris a un vrai problème avec ses espaces verts. Elle en a bien trop peu. Avec moins de 9 % de couverture forestière (en incluant Boulogne et Vincennes), la ville possède l’un des taux les plus bas de toutes les villes du monde. Amsterdam, Boston et Oslo, en revanche, sont elles en haut du classement. Il faut donc réagir. Parmi les dossiers les plus marquants en projet actuellement, il y a la création d’une ceinture verte et sportive. Elle a été imaginée autour du périphérique dans les quartiers populaires.
En outre, Paris veut créer un grand parc métropolitain dans le nord de Paris. Ce seront 15 hectares d’espaces verts qui doivent sortir de terre pour faire naître une trame verte de plus de 25 hectares traversant le XVIIIe et le XIXe. Dix parcs de plus petite surface sont aussi planifiés. Ils verront le jour à Bercy-Charenton, Messageries, porte de Montreuil, porte de la Villette, Chapelle-Charbon…
Comme pour beaucoup de capitales et de grandes villes dans le monde, Paris a été construite sans penser aux fortes chaleurs, mais plutôt à un climat tempéré et sans variations extrêmes. Toits en zinc qui retiennent la chaleur et font des appartements sous les toits de véritables fours, habitations mal isolées et parfois sans possibilité de les ventiler correctement. La phase de transformation s’annonce difficile. Et coûteuse.
Alors que faire ? Peindre les toits en blanc pourrait être un début. S’il n’est pas possible d’isoler le zinc, au moins les couleurs claires augmentent l’albédo (la réflectivité des bâtiments), ce qui limite l’absorption de la chaleur (moins 4 °C en intérieur selon une étude de l’Université australienne de Nouvelle-Galles du Sud. Mais comme les toitures en zinc de Paris sont déjà claires, l’impact sera néanmoins plus modeste. En revanche, la végétalisation des toits semble une piste plus intéressante.
En 2019, on comptait déjà plus de 100 hectares de façades et de toitures où la végétation a pris racine. Dans son Plan local d’urbanisme bioclimatique, Paris a même voté un taux de végétalisation du bâti minimal. Elle veut également rendre obligatoire la production d’énergies renouvelables pour tous les projets de plus de 1000 m2. Enfin, la ville incite à améliorer l’isolation du bâti existant et veut limiter au maximum les démolitions. “La réhabilitation devient la nouvelle norme“, précise le PLU.
Reste encore à savoir si tout cet ambitieux programme verra réellement le jour. Certains projets peinent à devenir réalité car ils nécessitent des travaux pharaoniques, tant sur le plan des budgets que sur la difficulté, par exemple, à libérer les espaces pour donner vie aux parcs envisagés. Sans parler des coûteuses rénovations nécessaires pour mieux isoler les bâtiments parisiens. Mais ne rien tenter n’est pas une option.
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