Crise du logement : Bientôt des mini-maisons sur les toits de Berlin

“Moins de propriété, plus d’accessibilité.” C’est la formule gagnante de l’urbanisme de demain, selon Simon Becker, un jeune architecte allemand de 29 ans. Le tout avec un projet architectural inédit baptisé Cabin Spacey (un jeu de mot entre “cabine spatiale” et le nom de l’acteur américain Kevin Spacey, égérie de la “coolitude” hollywoodienne).

Son idée ? Ériger une nouvelle ville sur les toits de la capitale allemande, puis sur ceux de Paris, Barcelone, et de toutes les villes du monde dans lesquelles le prix du logement explose et les espaces de location se font rares. Pour ce faire, il a conçu avec son associé Andreas Rauch un plan de mini-maison (tiny house, en anglais) à installer ou à construire sur les toits plats des bâtiments urbains.
 
Ces prototypes, dont la phase de développement est désormais achevée, sont constitués de bois résineux principalement, que les cofondateurs de Cabin Spacey achètent à leurs fournisseurs allemands et autrichiens.

Durée de vie de cent à deux-cent ans

Chaque module fera entre 20 et 25 m2, soit la taille d’un petit studio, qui, aménagé intelligemment, devrait libérer assez de place et de rangement pour permettre à une ou deux personnes d’y profiter d’une kitchenette, d’un salon, d’une salle de bain et d’un lit sur mezzanine. Le tout, avec des murs de 3,5 à 3,7 mètres de haut et une surface de base de 8,5 sur 3,2 mètres.

Sur le toit, Simon Becker et Andreas Rauch ont prévu d’installer des panneaux solaires, dont la production énergétique doit permettre de couvrir les besoins en consommation de l’habitacle. Une pompe à chaleur régulera la température en hiver et en été. “À part, par exemple, les câbles des alimentations électriques, tout est écologique et recyclable dans nos cabines – et leur durée de vie égale celle d’une maison conventionnelle, c’est-à-dire cent à deux-cent ans”, promet Simon Becker.

Autre particularité, à venir dans un second temps seulement : les mini-maisons seront déplaçables. Comptez 1 000 à 2 000 euros pour déménager votre cabine de Berlin à Paris à l’aide d’une grue, sans cartons à préparer en amont ou frais de construction à ajouter. Un nouveau mode de vie pour lequel l’architecte est sûr de trouver une demande.
 

Nomades du numériques et adeptes de l’écologie

“Tout est parti d’une rencontre . Quand j’étais étudiant, pour me faire un peu d’argent de poche, je vendais des meubles dans une boutique de design quand un jour, un client est venu me voir parce qu’il voulait acquérir une maison mobile”, raconte-t-il. Et poursuit :

“Je me suis dit alors qu’il fallait faire quelque chose pour cette génération montante de “digital nomads”, ces nomades du numérique, bloggeurs voyageurs ou autres freelance et entrepreneurs qui ne veulent plus être attachés à un lieu de vie, tout en recherchant quand même le sentiment d’être chez soi… ou pour tous ceux qui veulent vivre de façon écolo, responsable, mais confortable”.

Vivre sur les toits des villes

Ces derniers, selon lui, ne se retrouvent aujourd’hui plus dans l’offre de style de vie et de logement qui leur est proposée – entre les loyers classiques, trop complexes et onéreux, les hôtels et hostels, trop impersonnels, et airbnb, au système de réservation trop chronophage, “il manque une sorte de modèle de co-living”.

Car la particularité de leurs mini-maisons ne réside en fait ni dans leur taille, ni dans leur aspect écolo, mais plutôt dans leur géolocalisation – puisqu’il s’agit de vivre sur les toits des villes. Un espace qu’occupent pour le moment seuls “quelques associations ou particuliers de façon informelle”, et où les maisons pourront se louer à la journée, au mois et à l’année.

Leur prix de location n’est pas encore défini : Simon Becker pense proposer une formule dégressive – plus on loue une maison longtemps, moins le prix est élevé -. En moyenne, il compte tout de même demander 600 euros de loyer mensuels, ou 100 000 euros à l’achat, des montants qu’il justifie par “la qualité et la situation” des logements proposés.

Les cabines de l’espace

Les “cabines de l’espace” ne seront en effet qu’installées au centre des villes. À commencer par Berlin, où Andreas Rauch, Simon Becker et leur équipe de dix personnes sont en train de repérer plusieurs surfaces “idéales” de toits, à savoir plates, statiques, avec des portes d’accès et donc des sorties de secours. “D’ici la fin de l’année, nous aurons construit la première maison sur l’un d’entre eux”, détaille Simon Becker, “et nous en construirons plusieurs autres l’an prochain, avant d’étendre notre offre à l’international”.

Reste que pour y parvenir, le cabinet d’architecture doit encore lever certains freins, surtout liés à la phase de lancement par laquelle doit passer toute start-up. Leur propre rémunération, tout d’abord, qui provient uniquement de projets annexes pour l’instant. Le droit de construction allemand ensuite, “aux réglementations souvent obsolètes et strictes, notamment en ce qui concerne les normes sécuritaires” .

Mais Simon Becker se montre confiant. Son concept, qui a déjà séduit 129 contributeurs via leur campagne de financement participatif sur Indiegogo  et remporté un prix Smart Urban Pioneers “, attirera, il l’espère, tous ceux qui, comme lui, “sont adeptes d’un nouveau mode de vie et de consommation”.

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