Partager la publication "De l’art pour accompagner la transition énergétique"
A première vue, rien n’indique que les voiles conçues par Miguel Angel Lopez et Julio Alejandro Romero Alonso produisent de l’énergie. « Notre projet cherche à montrer aux habitant que les éléments urbains peuvent produire de l’énergie de façon esthétique. » Le projet des deux designers espagnols a été proposé à la ville de Copenhague dans le cadre de la « Land Art Generator Initiative Competition », une compétition internationale qui mêle art et énergies renouvelables. Organisée précédemment à Dubaï (2010) et à New-York (2012), elle invite des équipes interdisciplinaires à concevoir des sculptures au design innovant qui soient productrices d’énergie.
Pour l’édition 2014, les organisateurs ont choisi de faire travailler les candidats sur un parc situé dans un ancien chantier naval du port de Copenhague. C’est donc la longue tradition portuaire de la ville qui les a inspiré : de loin, les voiles forment une flotte de navires qui s’élancerait à nouveau du port. « Les voiles composent un panorama visible depuis la statue de la Petite Sirène. Elles créent aussi une multitude de petits espaces clos au sein du parc », explique l’un des concepteurs de l’ensemble au site fastcoexist.com.
L’installation décorerait donc l’espace, tout en utilisant les ressources naturelles du site. Pour les deux designers espagnols, le vent s’est alors imposé comme une évidence. « Puisque le projet est situé sur la côte, nous avons choisi d’utiliser le vent, mais sans reproduire la traditionnelle éolienne ». Les voiles utilisent d’ailleurs une technologie plus sophistiquée. « L’idée originale a été imaginée par Zhong Lin Wan pour être utilisée sur des vêtements. Ce sont les mouvements des personnes qui généreraient de l’énergie. Nous avons repris l’idée et l’avons utilisée à une plus grande échelle. » Ainsi, à chaque fois que le vent secoue les voiles, des nanogénérateurs embarqués convertissent les rafales en électricité. L’ensemble pourrait produire l’équivalent de la consommation annuelle de 90 foyers.
Succédant à Nantes comme Capitale verte de l’Europe 2014, Copenhague a l’ambition de devenir, en 2025, la première métropole du monde neutre en carbone. Pour atteindre son objectif, la ville mise sur la multiplication de petites installations de ce type. Elle table aussi sur son performant système de recyclage : 75 % des ordures ménagères alimentent le système de chauffage urbain alors que 90 % des déchets de construction sont réutilisés. La région du port de Copenhague a également bénéficié de lourds investissements pour que son eau soit propre. Les bains portuaires font aujourd’hui le bonheur des touristes et des habitants qui s’y baignent. Reste à attendre le 3 octobre prochain pour savoir si le projet Wind Waker habillera le parc qui le surplombe.
Elisabeth Denys
Journaliste / We Demain
@ElissaDen