Démarrage réussi pour l’Académie “Les Chants d’Ulysse”

Après un concert d’ouverture, “Destins de Reines” création de Thierry Escaich avec un texte d’Olivier Py sur Aliénor d’Aquitaine, la première promotion de l’Académie Les Chants d’Ulysse est entrée dans le vif du sujet. Cette expérience artistique se déroule du 14 au 22 avril au Théâtre le Dôme de Saumur et à l’Abbaye Royale de Fontevraud. Objectif : favoriser la transversalité et la pluralité des disciplines artistiques autour d’enseignants de renommée internationale.

Ophélie veut interpréter le « répertoire mozartien », Emma rêve d’être Ophélie dans Hamlet, Noémie s’imagine à l’opéra en train de chanter Lakmé, l’opéra de Léo Delibes. Arthur,  seul garçon de la promo, a eu le déclic à l’âge de quatre ans quand son père lui montra « Les Indes galantes » de Rameau. Une étudiante dit avec ferveur pourquoi elle est ici. « Ce qu’on veut c’est sortir de l’académisme et du formatage » Son désir va être comblé dans quelques secondes.

Une Patricia Petibon survoltée pour un cours qui ne ressemble à aucun autre

Direction la master class de Patricia Petibon.  « Mets y un peu de basket ball !», « Mets y un peu de Piaf ! » « Solaire ! engage toi ! », « Lâche les remparts, n’attriste pas le son ! ». Elle a beau avoir chanté sur les plus grandes scènes du monde, la célèbre soprano s’engage comme si c’était la première d’un spectacle. « Tu as vu rugir un lion, c’est pareil ». Elle danse, sautille, mime le chat, le lynx, l’oiseau. « Là, c’est le tigre, vas y ! ».

Par ces images, elle fait comprendre à l’élève le mode expressif le plus approprié à la séquence. Telle une escrimeuse, elle tend le bras pour tirer la stagiaire vers elle et faire émerger le meilleur. « Les aigus, on va les chercher dans le bassin !». Ce cours ne ressemble à aucun autre. Faisant une analogie avec le sport et la préparation de futurs champions, elle pousse les élèves à se surpasser. « Avec bienveillance » précise t-elle. En totale empathie, elle pratique le sur-mesure, s’adaptant à chaque personnalité.

Une vraie générosité et une envie de transmettre chevillée au corps

Avec la chef de chant Erika Guiomar au piano, Patricia Petibon se déploie, emporte, enveloppe de sa voix unique. On retrouve sa marque de fabrique : le burlesque, alliage subtile du tragique et du rire. Alternant sérieux et humour, elle y met autant de passion et de générosité que sur scène. Transmettre est dans sa nature.

«  Je viens d’une famille d’enseignants où j’ai appris à accueillir l’autre avec sa différence. Le plus émouvant, c’est de voir la transformation en direct des étudiants, voir l’autre sortir de sa chrysalide. J’aime croire qu’il y a en chacun de nous une part d’héroïsme et c’est comme ça que je conçois la transmission et l’enseignement ». Suivre son cours intense est un moment qu’attendaient avec impatience les dix-huit stagiaires de l’Académie. «Il faut être solide, savoir enlever sa carapace, mais quelle expérience ! » dit l’une d’elles en sortant.

Chant, chorégraphie, improvisation… les cours de l’Académie croisent arts et disciplines

Sur un registre plus traditionnel, le chanteur contre ténor Robert Expert et le pianiste Alfredo Abbati, accueillent un autre groupe d’élèves. Pas le temps de souffler, des élèves sont attendues à l’étage en dessous pour travailler  le placement du corps et la gestuelle avec la chorégraphe Stéphanie Chêne. Un autre se livre à une improvisation théâtrale avec la comédienne et metteure en scène Sophie Cusset. Tout a commencé par l’éveil du corps avec des exercices de respiration et d’étirement sous la houlette d’Emma Delahaye, professeur de pilates. 

L’Académie  innove aussi par le croisement des arts et des disciplines. A différents moments de la journée ont lieu des conférences animées par un astrophysicien, un biologiste, un apnéiste ou une ORL : “Je pense qu’il faut élargir la pensée de l’artiste qui est au cœur du monde, avoir une idée de l’univers, y puiser de l’intuition ». Lorsque Romain Philippe Pomedio, enseignant-chercheur spécialiste de la sémiologie de l’image, présente l’importance des fonctions cognitives comme l’attention, la mémoire, le langage, les élèves ne peuvent s’empêcher de faire un parallèle avec leur vocation.    Les chants d’Ulysse, nom de cette académie, trouve  tout son sens.

« Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage… Joachim du Bellay commence ainsi son poème en ouvrant une porte vers l’infini des possibles. Ulysse est célébré pour son courage, sa ténacité́, son désir de connaissance, d’expérimentation, une curiosité qui le pousse souvent à dépasser les frontières de l’humain ».

30 septembre : Destin de Reines au festival d’Ambronay
8 juin : Patricia Petibon au musée d’Orsay autour du tableau le Déjeuner sur l’herbe de Manet

SOUTENEZ WE DEMAIN, SOUTENEZ UNE RÉDACTION INDÉPENDANTE
Inscrivez-vous à notre newsletter hebdomadaire
et abonnez-vous à notre magazine.