Partager la publication "En 2050, la Normandie sera une terre de grand cru"
Colleville-sur-Mer, Calvados, 6 juin 2050. Pour le 106e anniversaire du débarquement de Normandie, la présidente de la République se rend ce lundi dans le Calvados, en présence de son homologue américaine.
Après les commémorations officielles, un repas est organisé sur la plage. Et pour la première fois de l’histoire, le grand cru servi aux deux chefs d’État est normand ! Il vient du pays d’Auge, à quelques dizaines de kilomètres de là.
Premier vignoble créé dans la région dans les années 1990, il a acquis depuis une réelle renommée et bénéficie d’une appellation d’origine contrôlée.
Cet article est issu du grand dossier OÙ FERA-T-IL BON VIVRE DANS LA FRANCE DE 2050 ? de WE DEMAIN n° 33, disponible sur notre boutique en ligne.
La sommelière de l’Élysée, explique ce choix. “ Depuis quelques années, les vins normands, comme ceux de Bretagne et d’Île-de-France d’ailleurs, n’ont rien à envier aux ‘historiques‘.” Moins forts que les vins du Sud, ces nouveaux venus se sont très vite fait une place sur le marché. Profitant de conditions climatiques idéales pour cultiver des cépages comme le merlot.
Bordeaux en quête de grand cru
Saint-Émilion, 15 août 2050. Au cœur d’un été caniculaire, la saison des vendanges est ouverte dans le vignoble bordelais. C’est six semaines plus tôt que dans les années 1990. Époque où David, viticulteur, aidait déjà son père à récolter le raisin. “Les saint-émilion étaient parmi les meilleurs vins du monde, soupire-t-il. Mais c’est de l’histoire ancienne.”
La région possède désormais un climat proche de celui de l’Espagne centrale en 2020, et la qualité du vin s’en ressent : ils sont plus alcoolisés, plus pauvres et plus amers. “Nous avons expérimenté des nouvelles techniques agronomiques, réintroduits des cépages anciens, plus résistants à la chaleur”, énumère David, qui craint que ces méthodes ne suffisent plus. “Il va bientôt falloir abandonner le merlot”, dit-il, au profit de cépages méridionaux, comme le tinto cão portugais.
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CE QUE L’ON SAIT
Un réchauffement compris entre 2 et 4 degrés risque de dégrader la qualité des vins de Bordeaux et de Bourgogne et menacerait même la viabilité des vignobles du Sud-Est. En revanche, toute la moitié nord de la France devrait être propice à la vigne en 2050. Selon le labo d’expertise viticole Excell, les vignobles pourraient se déplacer de 1 000 km au nord d’ici à 2100.