Partager la publication "En Allemagne, elle crée une fibre textile à base… de lait recyclé"
Qmilch , c’est le nom de sa start-up (littéralement “lait de vache”), produit de la fibre de lait sans ajouts chimiques, à faible consommation d’énergie et entièrement compostable. Ses t-shirts, fabriqués à partir d’une protéine appelée caséine, sont dégradables en six semaines seulement, sans être détériorés par la machine à laver.
Pour cette solution inédite, la jeune start-up vient d’être primée par le prestigieux GreenTec Awards, qui récompense les initiatives européennes en matière de technologie verte, et dont la remise des prix aura lieu fin mai.
Pour lutter contre cette “réalité désolante”, l’ex-étudiante, aujourd’hui âgée de 31 ans, a commencé, dans sa cuisine, par tester différentes recettes de fibres, toutes à base de caséine.
“C’était en 2009. J’avais acheté mon mixeur et d’autres ustensiles de cuisine au supermarché et j’ai commencé à mélanger la protéine avec différents ingrédients, pour voir”, se souvient Anke Domaske.
Une fibre plus fine qu’un cheveu humain
“Cette sorte de pâte à gâteau passe à travers une tuyère, à 80 degrés au lieu de 200 degrés pour des fibres classiques comme le polyester : sous l’action de la chaleur, le condensé qui reste est ensuite transformé en une fibre plus fine qu’un cheveu humain”, détaille Anke Domaske.
Cette fine fibre est donc créée avec très peu d’énergie “et également très peu d’eau” .
“En cinq minutes, nous produisons un kilogramme de fibres : avec des machines d’une capacité de 2 000 tonnes de fibres au total, ce sont 240 millions de t-shirts qui peuvent être conçus à base de caséine, chaque année”, poursuit l’entrepreneuse.
Désormais, Anke Domaske a pour ambition d’utiliser le gras et d’autres ingrédients du lait, toujours dans l’optique de ne produire des fibres sans aucun déchet.
Vêtements, cosmétique, sacs plastiques, automobile…
En attendant, la protéine de lait de Qmilch est aussi utilisée par différentes marques de cosmétique. La production de films et sacs plastiques est également en cours d’expérimentation. La technique est la même que pour fabriquer des composants textiles, sauf qu’au lieu de créer une fibre, l’entreprise produit un granulat. Ce dernier est d’ores et déjà fourni à des marques automobiles de l’industrie allemande, qui font entrer ces granulats dans la composition des revêtements intérieurs ou encore celle des pneus.
Porter une robe à base de lait sera alors possible, de même que la jeter dans votre compost lorsque vous en serez lassé. Si cette nouvelle fibre “green” a donc tout pour réussir, elle n’en reste pas moins un produit de l’élevage industriel. Pour autant, elle permet la réutilisation d’un lait destiné à la poubelle, l’économie de coton et de textiles chimiques.
Lara Charmeil
Journaliste à We Demain
@LaraCharmeil