Respirer  > En Allemagne, la politique anti-viande de la ministre de l’Environnement divise

Written by 13 h 55 min Respirer

En Allemagne, la politique anti-viande de la ministre de l’Environnement divise

La ministre allemande de l’Environnement, Barbara Hendricks, a décidé de bannir la viande et le poisson des diners officiels. Une décision qui n’est pas du goût de tout le monde au sein de la classe politique allemande.

Le 23/02/2017 par Julie Jeunejean
La ministre allemande de l’Environnement, Barbara Hendricks, a décidé de bannir la viande et le poisson des diners officiels. Une décision qui n’est pas du goût de tout le monde au sein de la classe politique allemande.
La ministre allemande de l’Environnement, Barbara Hendricks, a décidé de bannir la viande et le poisson des diners officiels. Une décision qui n’est pas du goût de tout le monde au sein de la classe politique allemande.

Au ministère de l’Environnement en Allemagne, il n’y a plus de viande, ni de poisson depuis le mois de janvier. Du moins lors des repas officiels.

Barbara Hendricks (SPD), la ministre de l’Environnement, est à l’origine de cette décision. Selon le quotidien allemand Bild, les ingrédients utilisés lors de ces réceptions doivent également être bio, de préférence locaux ou issus du commerce équitable.

Le ministère de l’Environnement allemand — qui n’a de cesse de dénoncer les effets négatifs de la consommation de viande — souhaite “montrer l’exemple en matière de protection de l’environnement”. Au mois d’août dernier, il  annonçait déjà vouloir s’attaquer à l’élevage intensif, de plus en plus décrié par la population allemande.

Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’élevage affecte considérablement l’environnement. En 2013, il était responsable de 14,5 % des émissions de gaz à effet de serre sur la planète.

La FAO estime que les émissions de gaz à effet de serre liées à l’agriculture, à l’exploitation des forêts et à la pêche ont quasiment doublé au cours des cinquante dernières années. En 2014, elles représentaient 24 % des émissions mondiales, derrière la production d’énergie et de chaleur.

Une décision controversée

La critique ne s’est pas fait attendre. Selon le Huffington Post, certains ministres ont reproché à Barbara Hendricks d’en faire trop. Le Ministre de l’Agriculture Christian Schmidt (CSU)  — fervent défenseur de la boucherie allemande — a taxé sa décision de “paternaliste”.

En décembre 2016, le même ministre s’était déjà élevé contre l’utilisation des mots “steak”, “saucisse” ou encore “escalope” pour des produits végétariens, jugeant ces termes trompeurs et déstabilisants pour les consommateurs.

De son côté, Gitta Connemann (CDU), députée au Parlement allemand, reproche à Barbara Hendricks une forme d’hypocrisie : “ils ne vont pas sauver le climat en stigmatisant les consommateurs de viande, et ils le savent. L’interdiction ne s’applique qu’à une poignée de personnes, pas aux 1 200 employés [du ministère de l’Environnement]“, précise le Daily Telegraph.

La ministre de l’Environnement s’est défendue, déclarant ne pas vouloir dicter aux gens ce qu’ils devaient manger mais bien “promouvoir un mode d’alimentation plus durable”.

A lire aussi :

  • Gastronomie en 2050 : ce que les chefs mijotent pour demain

    Gastronomie en 2050 : ce que les chefs mijotent pour demain

    Et si les chefs devenaient les éclaireurs d’un monde en transition alimentaire ? Moins de protéines, plus de végétal, des technologies sobres, une IA au service du goût et de la gestion : en 2050, la gastronomie devra concilier plaisir, innovation et équilibre durable. Une exploration à la croisée des fourneaux et de la prospective.
  • Et si on apprenait à aimer les pommes tachées pour éviter les pesticides ?

    Et si on apprenait à aimer les pommes tachées pour éviter les pesticides ?

    Chaque année, la tavelure du pommier entraîne jusqu’à 40 traitements fongicides par verger, mettant à mal les ambitions écologiques. Face à cette maladie complexe, chercheurs et arboriculteurs cherchent un nouveau modèle.
  • L’avenir du cacao : il y a urgence à préserver un trésor millénaire

    L’avenir du cacao : il y a urgence à préserver un trésor millénaire

    Cultivé depuis au moins 5000 av. J.-C., le cacao a traversé les siècles, des rituels mayas aux plantations coloniales, pour devenir un produit de consommation de masse. Son avenir, entre intensification agricole et défis climatiques, soulève aujourd’hui des enjeux écologiques et économiques majeurs.