Partager la publication "Et si votre voiture électrique devenait la batterie de votre maison?"
Répondre à la demande en électricité des particuliers lorsqu’ils en consomment beaucoup en même temps : c’est l’un des principaux défis des fournisseurs. Pour ce faire, il faut parfois aller puiser des énergies polluantes, comme le charbon, ou en acheter aux pays voisins.
Une alternative existe : inciter les particuliers à stocker de l’énergie, puis à l’utiliser quand elle est nécessaire. À condition que ces derniers investissent dans une batterie domestique ou… utilisent celle de leurs voitures électriques.
Une alternative d’autant plus intéressante que les voitures électriques restent stationnées plus de temps qu’elles ne sont utilisées. Aux États-Unis, par exemple, le temps de stationnement atteint 23 h par jour en moyenne et les véhicules ne parcourent que 35 km en moyenne sur les 100 km que leur batterie leur permet d’avaler.
C’est pour exploiter ce potentiel que des ingénieurs oeuvrent à rendre les batteries des voitures compatibles avec le réseau électrique domestique.
Au Japon, depuis fin 2014, le système Leaf to home, proposé par Nissan permet ainsi de relier sa Nissan Leaf à son habitation. Plus de 3 000 véhicules auraient déjà été utilisés à cette fin. Avec 24 kWh d’énergie embarquée, le véhicule pourrait fournir environ deux jours d’électricité à une maison sans avoir recours au réseau électrique.
Et pourquoi ne pas utiliser les batteries des voitures au delà du seul réseau domestique ? C’est le principe du vehicle to grid, lancé Europe, en mai, par Nissan et l’Espagnol Endesa. Ce système permet de redistribuer sur le réseau national l’énergie stockée par les véhicules électriques, afin de mieux faire face aux pics de consommation. Le système a aussi été expérimenté sur une base de l’armée américaine à Los Angeles.
Nissan prévoit désormais de lancer en Europe Vehicle to home, une nouvelle version de ce système, qui verrait (comme au Japon) son modèle Leaf servir de batterie à une habitation. Le courant électrique libéré par ce véhicule serait alors le même que celui du du réseau domestique : 230 volts.
À noter qu’au Japon, la Toyota Mirai peut aussi être branché sur le réseau de la maison depuis décembre 2014. Elle ne peut toutefois servir que de générateur et non stocker de l’énergie.
D’autres initiatives comparables sont testées ailleurs dans le monde. Comme à Amsterdam, où la ville mène, en partenariat avec Mitsubishi Motors, un projet en plusieurs étapes : des véhicules branchés à une habitation, à un un bâtiment entier, puis, à l’avenir, au réseau électrique tout entier. Les étudiants de l’université de science appliquée d’Amsterdam étudient actuellement la mise en place du dispositif, les réactions de ses utilisateurs et ses performances énergétiques.
En France, selon Jean-Charles Papazian, professeur agrégé de génie électrique, l’installation de 3 millions de véhicules électriques pourrait réduire de 7GW la surconsommation d’électricité (plus de 100GW) lors des épisodes de froid. Cela équivaudrait à éviter 150 à 200 000 tonnes de CO2.