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Faut-il creuser les océans pour sauver la terre ?

Les océans, une mine de métaux : États et industriels s’intéressent de très près à ces ressources. Où se trouvent-elles, dans quelles quantités et pour quels usages ?

Et si les métaux nécessaires à la transition énergétique connaissaient une pénurie à court terme ? Face aux quantités astronomiques de ces derniers que vont nécessiter les énergies renouvelables, la crainte grandit. Et avec elle, l’hypothèse d’aller puiser ces ressources au fond des océans. 

Car sur terre, les volumes de cuivre, lithium et cobalt qu’il faudrait extraire pour respecter l’Accord de Paris sur le climat pourraient excéder les capacités de production des mines dès 2022-2024, projette l’Agence internationale de l’énergie. Si les estimations des ressources sous-marines restent parcellaires et approximatives à l’échelle du globe, les expéditions menées depuis les années 1960 dans les abysses ont identifié plusieurs zones d’intérêt dont le potentiel économique se précise, à l’instar des champs de nodules qui tapissent la zone Clarion-Clipperton, dans l’océan Pacifique. Après une première phase de recherches et d’essais qui s’était étalée jusque dans les années 1980, sans succès, les projets miniers ont repris de plus belle dans la décennie écoulée. Malgré la controverse écologique qui enfle, l’exploitation commerciale pourrait devenir une réalité avant 2030

Cet article a initialement été publié dans WE DEMAIN N°35, paru en août 2021. Un numéro toujours disponible sur notre boutique en ligne.

L’océan Pacifique, nouvel eldorado ?

La zone NORI (Nauru Ocean Resources Inc.), qui s’étend sur 75 000  km2 dans la zone Clarion-Clipperton, au nord-est du Pacifique, contient à elle seule suffisamment de nodules pour fabriquer les batteries de 140 millions de voitures électriques.

Très riche en encroûtements cobaltifères, la Prime Crust Zone, dans le Pacifique nord-ouest, renferme quatre fois plus de cobalt et neuf fois plus de tellure que la totalité des ressources terrestres directement exploitables. Les encroûtements représenteraient 7,533  milliards de tonnes sur cette seule zone.

600 millions de tonnes

Estimations des ressources globales de sulfures polymétalliques. 

2 000 milliards de tonnes

Estimations des ressources globales de nodules.

200 milliards de tonnes

Estimations des ressources globales d’encroûtements cobaltifères . 

L’océan Indien aussi

Il y aurait environ 380  millions de tonnes de nodules dans son bassin central un demi-million de tonnes de cobalt et 92  millions de tonnes de manganèse.

Pour fabriquer quoi ?

Batteries  : nickel, cuivre, manganèse, cobalt.

Éoliennes  : cuivre et zinc.

Panneaux solaires  : cuivre.

Smartphones  : nickel, cuivre, cobalt, or, argent, manganèse, germanium, indium, molybdène.

À lire aussi : Jean-Michel Cousteau : son appel pour sauver les océans

Définitions

Nodules polymétalliques 

Présentes dans les plaines abyssales de l’ensemble des océans, ces boules de quelques centimètres de diamètre reposent sur le plancher océanique. Elles contiennent du nickel; du cuivre; du manganèse et du cobalt, et peuvent présenter des traces de lithium, de titane et de molybdène.

Encroûtements colbatifères

Présents à la surface de monts sous-marins, ils sont composés entre autres de cuivre; de manganèse; de nickel et de cobalt. Ils sont une source potentielle d’autres métaux tels que le titane; le tellure; du molybdène; du bismuth ou encore des terres rares.

Sulfures polymétalliques hydrothermaux

On les trouve au niveau des cheminées hydrothermales, des sources d’eau chaude situées au niveau des dorsales océaniques. Riches en zinc et en cuivre, ils peuvent renfermer de fortes teneurs en métaux précieux (or et argent); et en métaux rares (indium, sélénium, germanium…). Certains sites contiennent aussi du cobalt.

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