Partager la publication "France : quatre scénarios pour atteindre la neutralité carbone en 2050"
La France s’est engagée à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. L’idée n’est pas de stopper complètement les émissions de gaz à effet de serre. Mais de trouver des solutions pour les réduire et pour compenser celles qui persistent. L’Ademe s’est prêté au jeu. Pendant deux ans, une centaine de collaborateurs, accompagnés d’experts et de scientifiques, ont élaboré quatre scénarios, qui aboutissent tous à la neutralité carbone de la France métropolitaine d’ici le milieu du siècle.
Ils “empruntent des voies distinctes et correspondent à des choix de société différents. Ces quatre scénarios sont inspirés dans leur logique des quatre scénarios du GIEC présentés dans le rapport spécial 1,5 °C de 2018”, précise l’Ademe, dans la synthèse du rapport Transition(s) 2050.
Selon ces quatre projections, “la réduction de la demande en énergie est le facteur clé”. Une réduction qui va de 23 % à 55 % par rapport à 2015. Mais attention, “la neutralité carbone n’est pas qu’un sujet énergétique”, précise Arnaud Leroy, président de l’Ademe. Il faut également prendre en compte la question des puits carbones naturels et technologiques. Dans tous les cas, “il est impératif d’agir rapidement”, alerte-t-il. Avant de préciser que la neutralité est “possible mais difficile”. Toutes les voies “nécessitent une planification orchestrée des transformations, associant État, territoires, acteurs économiques et citoyens.”
De nombreuses évolutions sont en effet nécessaires. Les scénarios 1 et 2 reposent plutôt sur des évolutions sociétales. Quant aux scénarios 3 et 4, ils s’appuient plus sur la technologie. Voici les quatre chemins imaginés par l’Ademe.
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Ce premier scénario est le plus décroissant de tous. La frugalité est choisie mais aussi “contrainte”. Le bio représente 70 % dans l’alimentation des Français et la consommation a été divisée par trois. En 2050, les grandes villes ont été délaissées par les citoyens qui se tournent vers les villes moyennes ou les zones rurales. Les kilomètres parcourus ont été réduits d’un tiers par personne, et le vélo ou la marche à pied constituent la moitié des trajets. Côté habitat, 80 % des bâtiments existants ont été rénovés à un niveau Bâtiment Basse Consommation (BBC). L’économie circulaire, le low-tech, le local et le made in France sont également sur le devant de la scène.
Résultat, la consommation d’énergie est divisée par plus de deux par rapport à 2015. Ce scénario permettrait également d’atteindre un bilan carbone de – 42 millions de tonnes de CO2 (Mt CO2).
Ce scénario met davantage l’accent sur le partage et le made in France. Côté alimentation, la consommation de viande est divisée par deux et la part du bio atteint les 50 %. Là aussi, le vélo et la marche à pied représentent une grande part des déplacements (la moitié). Le bâti a également été rénové, au même niveau que dans le premier scénario, mais cette fois par étape. Une réindustrialisation de certaines filières a également été mise en place en lien avec les territoires. Les villes moyennes sont privilégiées, avec le modèle de la ville du quart d’heure.
Cette projection, permet de réduire par deux la consommation d’énergie. Et d’atteindre un bilan carbone de – 28 Mt CO2.
Le troisième scénario, comme son nom l’indique, est plutôt tourné vers la technologie pour atteindre la neutralité carbone. Le changement de mode de vie est moindre par rapport aux deux scénarios précédents. La consommation de viande diminue de 30 % et la part du bio est elle aussi de 30 %. Plutôt que de rénover les bâtiments, ces derniers sont déconstruits puis reconstruits pour être plus performants. Les métropoles continuent à être favorisées, avec des villes fonctionnelles. La biomasse est d’avantage exploitée. En particulier les déchets pour la méthanisation et le bois pour l’énergie. De plus, l’hydrogène est massivement consommé.
Dans ce scénario, la réduction énergétique est moindre : – 40 %. Notamment à cause de l’augmentation de l’utilisation des data centers. La France est également plus dépendante des importations au niveau énergétique que dans les deux premiers scénarios. Le bilan carbone est de – 9 Mt CO2.
Le mode de vie actuel se poursuit de façon quasiment inchangée, avec la consommation de masse et l’exploitation de la nature. La consommation de viande diminue seulement de 10 %, avec l’introduction de protéines de synthèse. La biomasse est largement exploitée à des fins énergétiques. Le paysage sylvicole évolue, avec des coupes massives avant 2030 suivies par un reboisement en résineux afin de répondre à la demande. L’usage de la technologie s’intensifie, notamment en matière de domotique, ce qui permet de réduire l’impact environnemental de l’habitat.
La consommation énergétique est ainsi diminuée de 23 %, avec une forte part de captage et de stockage du CO2. Plusieurs leviers de décarbonation sont utilisés : la biomasse, particulièrement forestière, les énergies renouvelables, le biogaz ou encore les biocarburants. Ce dernier scénario permet d’atteindre de justesse la neutralité carbone, avec un bilan de + 1 Mt CO2.
Dans ces différents scénarios, la demande d’énergie est en baisse par rapport à 2015. Et, pour tous, la part des énergies renouvelables représente au minimum 70 % de la consommation finale brute d’énergie.
Cette étude continuera d’être nourrie jusqu’en mars 2022, avec notamment une analyse plus précise du mix électrique, une évaluation macroéconomique ou encore des précisions sur l’usage des terres et la qualité des sols.
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