Grâce aux nouvelles technologies, Barcelone redonne le pouvoir à ses habitants

À la mi-novembre, la capitale catalane a accueilli la cinquième édition d’une conférence mondiale sur les villes intelligentes : le Smart City Expo World Congress. Mais Barcelone, déjà connue pour être l’une des pionnières des smart cities, n’a pas attendu ce congrès pour multiplier les mesures visant à se transformer en ville ouverte et connectée.
 
Cet engagement remonte aux années 1990. La ville décide alors de capitaliser sur les efforts financiers et logistiques réalisés pour l’organisation des JO de 1992 pour se moderniser grâce aux technologies numériques. Une stratégie payante : en quelques années, Barcelone devient une référence en matière de smart city.

Début mars 2015, Ada Colau et son équipe, issue du mouvement des “Indignés”, remportent les élections municipales. Un tournant politique assorti d’un nouveau défi : combiner innovation technologique et engagement citoyen, afin de créer une “ville [intelligente] qui compte sur l’intelligence collective de ses habitants”.

Développement des Fablabs, transparence des données publiques, transports et énergie… La capitale de la Catalogne est actuellement en train d’étudier plus de 200 projets destinés à la rendre plus intelligente. Tour d’horizon.

Les fablabs, “une réalité économique au service du progrès social”

Faire éclore des fablabs publics et privés dans les dix districts principaux de Barcelone : c’est la mission de Tomás Diez. Fondateur de Fab Lab Barcelona, il est aussi l’organisateur de la FAB10, une réunion internationale qui a rassemblé, en juillet 2014, des représentants de ces espaces locaux de fabrication numérique.

Convaincu que ces ateliers représentent “une réalité économique au service du progrès social “, son collectif a créé six de ces laboratoires citoyens ouverts à tous les publics. Des lieux qui viennent s’ajouter à la cinquantaine de fablabs déjà hébergée dans des espaces baptisés athénées de fabrication “.

À l’aide d’imprimantes 3D, découpeuses laser ou encore fraiseuses numériques, l’objectif est de permettre aux habitants de transformer leur ville. En libre accès, ces outils permettent à leurs utilisateurs de développer des projets porteurs d’innovation sociale ou de concevoir de nouveaux modèles de travail en réseau.

Un kit pour mesurer la qualité de l’environnement

Le Smart Citizen kit est l’un de ces projets né au Fab Lab Barcelona. Monté sur une carte Arduino, équipé d’un capteur et d’un système électronique open source, ce kit permet à tout citoyen de mesurer la qualité de son environnement. Taux de pollution, température, trafic automobile, fréquences des ondes électromagnétiques…

Les données alimentent ensuite une carte libre d’accès. On y retrouve, quartier par quartier et en temps réel, les principales données sanitaires et environnementales de la ville. À ce jour, 600 Smart Citizen kits ont été testés dans des logements et des espaces publics de la ville.

Dans le même esprit, la ville met les données publiques à disposition des particuliers et des entreprises via un portail Internet libre d’accès. Cela a permis l’émergence d’autres services, comme App&Town, une application qui calcule les meilleurs itinéraires et moyens de transports pour l’utilisateur, Bicing, une appli d’informations sur les vélos en libre-service de la ville ou encore SOS Info, qui permet d’obtenir des informations sur l’état de santé de son utilisateur en même temps que les services d’urgences les plus proches. Autant d’applications rendues faciles d’accès grâce à un réseau Wi-Fi gratuit et à un système de rechargement des téléphones sur les arrêts de bus.

Une gestion novatrice du ramassage des ordures

N’en déplaise à ses détracteurs, qui la qualifient parfois de démocratie des capteurs “, Barcelone ne cesse de s’équiper de nouveaux systèmes connectés. En 2012, la ville a par exemple mis en place un système intelligent de gestion des ordures. Les citoyens jettent leurs déchets (après les avoir triés) dans des bennes dotées de capteurs, qui indiquent à la société en charge de la collecte leur taux de remplissage. Résultat, les poubelles ne sont vidées qu’une fois vraiment pleines.

Depuis 2012 toujours, plus d’un quart de la capitale catalane est connecté à un système souterrain de transport des déchets. Ce dernier se compose de bornes, où les habitants jettent leurs déchets, et d’un réseau de 40 km de tubes, au sein duquel ces déchets circulent à 70 km/h… jusqu’au centre de collecte. La ville envisage d’étendre ce réseau et de faire surveiller ses canaux souterrains et égouts par des drones.
 

Transports verts et éclairage LED

Pour l’heure, la ville est dotée de bus hybrides, alimentés à l’énergie solaire. Mais pour réduire encore les émissions de ses transports publics, la ville a conclu un accord avec l’un des spécialistes mondiaux de la gestion de l’énergie, Schneider Electric. L’entreprise s’est vue confier la création d’une plateforme unique, permettant à la fois la gestion de l’énergie, de l’eau, des réseaux électriques et de la mobilité.

À travers des initiatives telles BCN Smart City ou 22@Barcelona, qui ont permis la rénovation du quartier des start-up Poble Nou, la municipalité encourage aussi le développement de la voiture électrique. Elle a mis en place un réseau de plus de 300 points de recharge gratuits à l’intention des particuliers, tout en subventionnant les taxis et les bus électriques. Le tout dans des rues qui, la nuit venue, sont éclairées par plus de 3 300 lampadaires équipés de LED.
 

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