Inde : il bloque l’ouverture d’une mine de charbon depuis son café-Internet

À seulement 56 ans, cet Indien doit déjà marcher à l’aide d’une canne. Ce n’est pas l’effet de l’âge. Il y a deux ans, une balle est venue se loger dans la jambe de Ramesh. À l’époque, il dérange. Depuis son petit cybercafé, l’homme tient tête à un industriel qui projette d’ouvrir une mine de charbon géante dans sa région. Une mine qui forcerait des milliers de villageois à déménager, sans compensation, et à vivre avec un air et une eau polluée.

En Inde, la croissance économique et démographique fait grimper en flèche la demande en électricité. La moitié du mix énergétique indien provient du charbon. Pour rafler la mise, les industriels, parfois de mise avec les politiques locaux, n’hésitent pas s’accaparer les terres sans consulter les habitants ni s’embarrasser de considérations environnementales. Ils n’hésitent pas non plus à intimider ceux qui oseraient s’élever contre. Ramesh Agraw en a fait les frais en 2012.

Aider les populations pauvres à se faire entendre

Le Chhattisgarh, région du centre où vit Ramesh, contient un cinquième des réserves en charbon de tout le sous-continent. Lorsqu’il a appris que Jindal Steel and Power Ltd. (JSPL) voulait ouvrir une mine géante, capable de produire plus de 4 millions de tonnes de charbon à l’année, Ramesh a décidé d’agir. À partir de 2008, il fédère les habitants face à l’industriel en les informant de leurs droits. Il les aide à se manifester auprès du ministère de l’environnement et redouble d’effort pour que les plus pauvres, qui n’ont pas accès à Internet et ne savent parfois pas écrire, puissent aussi se faire entendre.

Ramesh fait également tourner une pétition pour exiger la tenue d’un débat public sur l’ouverture de la mine et un rapport d’expertise sur ses conséquences environnementales. Il réussit à sensibiliser l’opinion nationale au problème des communautés déplacées. En avril 2012, le National Green Tribunal, qui assure en Inde le droit universel à vivre dans un environnement sain, invalide le permis d’exploitation de JSPL, en violation avec la législation Indienne. Ramesh est devenu le héros de tous les paysans locaux. Sa victoire donne espoir à de nombreux autres Indiens engagés dans un bras de fer avec des industriels.
 
En Avril, Ramesh a été récompensé du Prix Goldman de l’environnement pour son engagement. Il a reçu 175 000 dollars pour l’aider à continuer son combat.

Naviguez sur la carte pour découvrir les cinq autres lauréats du Prix !

Côme Bastin
Journaliste We Demain
Twitter : @Come_Bastin

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